Dans le cadre des conférences du mardi, la maison Montolieu propose une série de conférences sur le genre, intitulée “mon corps, ma vie et moi: état des lieux sur le genre”, dont la première aura lieu le 16 janvier prochain.
Une conférence multidisciplinaire avec la présence de médecins et professeur.
Entretiens dans cette émission avec Christian Robert, adjoint au directeur de l’enseignement catholique à Marseille, Christian Alessis, médecin endocrinologue et le Père Michel Joseph, responsable de la communauté jésuite à Marseille.
Depuis près de deux ans, la Maison Montolieu des Jésuites en Provence propose des cycles de conférences basées sur des questions de société. En ce début d’année, deux conférences sur le genre sont proposées le 16 janvier et le 6 février.
Pour le Père Michel Joseph, responsable de la communauté jésuite à Marseille, il s’agit d’apporter “une contribution à la réflexion chrétienne (...) la question du genre touche beaucoup de familles et de jeunes”. Pour s’attaquer à cette question complexe, la Maison Montolieu a fait le choix de donner la parole à “des praticiens, des gens de terrains”.
A la conférence du 16 janvier seront présents Anne-Claire Alessis, pédiatre, Christian Alessis, endocrinologue et Christian Robert de l’enseignement catholique à Marseille.
Ce dernier a hésité avant de participer à cette conférence car il ne sentait pas légitime. Pour lui, “les questions ne sont pas si nombreuses mais dès qu’elles arrivent, elles sont complexes”. “Qu’est-ce que c’est qu’accueillir et accompagner un jeune dans ces questions là?” Christian Robert reconnaît que, pour l’instant, il a plus de questions que de réponses. La gestion s’effectue de façon pragmatique, au cas par cas, avec surtout des questions de vie collective (dortoirs, vestiaires, toilettes). Dans l’enseignement catholique à Marseille, la réflexion est menée dans le cadre de “‘l'éducation affective relationnelle et sexuelle” qui commence dès la maternelle. “On accompagne les jeunes pour qu’ils prennent leur corps en main”, précise Christian Robet.
Christian Alessis, en tant qu’endocrinologue, confesse que l’accompagnement est devenu plus complexe depuis deux ans dans la mesure où la référence ultime est la parole de la personne. Il précise: “La dysphorie de genre a disparu de la classification des maladies psychiatriques et la question de genre vient toucher désormais la santé sexuelle, il s’agit d’aider quelqu’un à aller mieux dans sa santé sexuelle, mais c’est un flou extrême. Parmi les recommandations médicales aujourd'hui, on essaie de développer une médecine de premier recours donc un médecin traitant peut prendre en charge cette question de genre sans que la personne ait besoin d’une consultation psychologique ou psychiatrique (...) il faut que la personne soit “éclairée”, et je me demande, éclairé par qui? médecin traitant, famille ou moi?”.
Pour Christian Alessis, insiste sur la dimension floue du terme ”éclairage” : “On a l’impression que le but d’un éclairage n’est plus de questionner mais de valider (...) je ne saurais pas dire comment éclairer les personnes de la meilleure façon et j’ai beaucoup de craintes sur l’absence d’éclairage”.
Christian Alessis et Christian Robet s’accordent sur l’importance d'une capacité collégiale et interdisciplinaire pour prendre toutes les décisions, accompagnée par “la sagesse du temps où une interrogation est entendue et écoutée”. “Il n’y a pas d’anomalie à l’adolescence à s’interroger sur son genre, précise le médecin, mais que ce ne soit pas une question qui envahisse mais qui effleure. Elle va trouver sa réponse avec le temps. Je reste un peu inquiet sur des interventions trop précoces qui ne permettent pas à la personne de faire un chemin (...) accompagner à l’adolescence ne veut pas dire qu’on va valider et qu’on va intervenir”.
Et conclusion, le Père Michel Joseph rappelle que la question théologique de fond est le don de la vie, “pourquoi transformer ce qui m’a été donné”, ajoute-t-il, en soulignant “l’utopie du neutre” et cette question en toile de fond, “y aurait-il un neutre dans le genre?”.
Pour poursuivre la réflexion, rendez-vous dès le 16 janvier à 19h à la Maison Montolieu.
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