Formalisée dans les années 60 par le psychologue américain Marshall Rosenberg, la communication non-violente (CNV) suscite de plus en plus d’intérêt ces dernières années, parallèlement à l’émergence du développement personnel. Que ce soit dans ses relations avec ses amis, ses collègues ou ses enfants, nombreux sont ceux qui tendent à cette forme de langage bienveillant. Mais comment y parvenir, sans céder aux débordements en tout genre ? Isabelle Capy, facilitatrice en relations humaines, certifiée en communication non-violente nous donne des astuces.
Avant de vouloir agir sur nos emportements, il est important de s’interroger sur les conditionnements, autrement dit les biais inconscients, qui nous poussent à ces comportements. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la violence verbale n’est pas nouvelle. D’après les anthropologues, elle remonterait à la sédentarisation des Hommes. "En se sédentarisant, les Hommes ont créé un système de domination pour établir un fonctionnement, et cela a créé de la violence", explique Isabelle Capy, co-auteure de "50 activités bienveillantes pour découvrir la communication non-violente" (éd. Larousse, 2020). Certains hommes ont dit ce qui est juste ou non, et les autres ont dû être éduqués à ces règles. "On est arrivés à des repères totalement extérieurs", analyse-t-elle.
Pour se détacher de ces repères extérieurs et des jugements, reproches ou exigences qui les accompagnent parfois, la base de la communication non-violente (CNV) est la reconnexion à soi. En commençant par s’interroger sur ses intentions. Une chose que nous faisons peu, car nous faisons souvent les choses par automatisme. "Il faut se demander si j’ai envie d’obtenir un résultat, par exemple que mon enfant range sa chambre ou si j’ai envie d’une relation de qualité ?", illustre la facilitatrice en relations humaines.
Une fois cette prise de conscience atteinte, il ne reste plus qu’à mettre en place quatre étapes. La première étape consiste à observer. "Il s’agit d’être factuel plutôt que d’être dans l’interprétation", explique la facilitatrice en relations humaines. En pratique, cela consistera à dire à son conjoint "tu as laissé ton sac de sport dans le couloir", plutôt que "tu l’as laissé traîner". Car "dans le mot traîner, il y a déjà une interprétation, une intention de faire des reproches", analyse-t-elle. En changeant de terme, l’autre s’aperçoit ainsi que nous recherchons une qualité de la relation.
La deuxième étape consiste en l’écoute de ses émotions, de ses sentiments, en ayant "conscience qu’ils sont tous à notre service et précieux", ajoute Isabelle Capy. Par exemple : "Si j’accueille la colère du mieux que je peux, avec cette conscience qu’elle est en train de me transmettre des choses, elle va se transformer."
Pour la troisième étape, il s’agit d’analyser ses besoins. "La CNV fait vraiment une différence entre nos besoins, complètement immatériels, qui sont notre énergie de vie, et les moyens que nous utilisons pour les satisfaire", explique la formatrice. En d’autres termes il s’agit par exemple du besoin de reconnaissance et non pas de celui de boire ou de manger. Ce qui est plutôt une bonne nouvelle car "nos besoins sont vraiment communs et donc nous pouvons vraiment nous entendre et nous comprendre.
Enfin dernière étape et non des moindres : la demande. Là, l’objectif est d’exprimer de façon consciente et explicite ce que l’on ressent, ce dont on a besoin. "La personne en face peut être déstabilisée par cette manière authentique de parler, et en même temps, si mon intention est d’être dans la qualité de la relation, je peux avoir confiance dans le fait qu’il y aura de la compréhension mutuelle", assure Isabelle Capy. Cette mutualité, c'est tout l'intérêt de la communication non-violente, puisqu'il faut chercher à se comprendre soi-même autant que son interlocuteur.
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