"Il est de mon devoir d'alerter mes contemporains. Je dirais que c'est un commandemant spirituel, à un certain moment il m'a été dit non pas 'lève-toi et marche' mais 'lève-toi et écrit, ouvre les yeux et aide tes contemporains à ouvrir les yeux'." C'est en tant que philosophe que Bertrand Vergely entend prendre part aux débats qui agitent nos contemporains quant à notre projet de société, ou plutôt les faire réagir, avec son nouvel essai "La destruction du réel" (éd. Le Passeur). "Dès qu'on commence à réagir, tout d'un coup ça fait réfléchir et des gens commencent à se poser des questions."
"Il y a aujourd'hui des projets de civilisation que je trouve inquiétants et qui touchent à l'origine, à l'humain et à la vérité. Et qui touchent d'une manière générale au réel comme altérité pour faire triompher un individu tout-puissant croyant pouvoir tout se permettre." Ce n'est pas la première fois que Bertrand Vergely met en évidence une sorte de course folle qui selon semble avoir comme finalité la destruction de l'être humain.
Et à l'origine de cette course folle, un désir de toute-puissance. En 2015, Bertrand Vergely publiait "La tentation de l'homme-Dieu", trois ans après l'adoption du projet de loi pour l'ouverture du mariage aux personnes de même sexe. "La tentation de l'homme-Dieu elle a commencé, explique-t-il, avec l'apparition du mariage pour tous, où tout d'un coup derrière des revendications affichées de tolérance je me rendais compte qu'il y avait une volonté de changer totalement les données de la famille, en faisant qu'une chose qui est absolument impossible devienne possible à savoir que deux hommes, deux femmes, deviennent parents et aient des enfants." Et Bertrand Vergely de pointer du doigt sans hésitation la PMA, la GPA, et aussi les "théories du genre".
En 2017, l'Arabie Saoudite a accordé la nationalité à un robot, certes symboliquement mais "symboliquement grave" pour Bertrand Vergely. "Pour faire un citoyen il n'y a plus besoin d'un être humain, un robot peu faire office de citoyen : c'est là où je dis qu'il y a disparition de l'homme." Quelle crédibilité accorder aux discours transhumanistes les plus audacieux ? Faut-il avoir peur de ces scénarios catastrophes ? Faut-il vouloir y résister ? "Je ne sais pas si ces projets vont totalement se réaliser ou pas, je ne sais pas si la résistance est inutile ou pas, je sais qu'une chose que je vis dans le présent.... et je prends part à ces discusssions."
Selon le philosophe, qui ne cache pas sa foi chrétienne et son appartenance à l'Église orthodoxe, il s'agit derrière ces questionnements de "discussions de fond sur le sens de la vie, sur l'existence de Dieu, sur l'existence de la réalité, sur l'existence de l'homme." Pour Bertrand Vergely ces réflexions sur la famille sont le point de départ de réflexions plus vastes sur l'homme. "Il faut savoir dans quelle vision du monde nous sommes. Je n'ai jamais été dans une vision désespérée, athée, tragique et matérialiste ou défaitiste, j'ai toujours pensé que c'etait quelque chose qui sapait les fondements de notre civilisaiton, de notre humanité et que c'était dangereux."
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