Cédric Herrou, un agriculteur de la vallée de la Roya, s’est fait connaître en accueillant des migrants, chez lui, depuis 2016. Une solidarité qui lui a valu des poursuites judiciaires. Il retrace ce combat dans son livre "Change ton monde" (éd. Les liens qui libèrent).
Cédric Herrou, installé dans la vallée de la Roya, raconte d’abord les conditions dans lesquelles il vit. "Il y a des gens qui ont perdu leur emploi, des gens qui sont sans accès routier. On veut des ponts et des routes mais on a envie que ce soit les gens d’ici qui les construisent", affirme-t-il, précisant ne pas être "le plus mal loti".
Mais c’est sur son engagement qu’il a écrit son livre. "J’ai eu besoin d’écrire et de faire le tour de ces trois dernières années", explique Cédric Herrou pour qui la médiatisation a été difficile à vivre. "On disait que j’étais un militant mais j’étais juste un mec de la vallée de la Roya", assure-t-il.
Il n’était pas du tout engagé avant d’accueillir des migrants chez lui. "Quand on voit des gens en bord de route on ne voit pas des migrants, mais des individus à part entière", explique l’agriculteur qui a aussitôt réagi et a aidé des mineurs isolés dans leurs démarches administratives, avec l’aide de l'Église de Vintimille, en Italie. "C’est troublant et perturbant de voir ça en bas de chez soi", confie-t-il.
"Le déclencheur ça a été de voir des enfants. Ma mère est assistante maternelle donc de voir ces gamins-là ça m’a rappelé ma mère". C’est elle qui lui a inspiré cette façon de voir le monde et de vouloir le changer. "Change ton monde, c’est se mettre face à ses contradictions. Ma mère me disait regarde comment tu te comportes avant de regarder comment se comportent les autres", raconte-t-il.
Ces enfants atterrissent souvent entre les mains des passeurs, qui les aident à traverser la frontière. "D’autres piochent pour alimenter la pédophilie et le don d’organes", regrette Cédric Herrou qui se souvient avoir "sorti des gamines de mains de passeurs".
Pour lui, la fermeture des frontières est impossible et pourrait faire le jeu de ces passeurs, en alimentant le trafic. "La frontière est une passoire. Il faut l’encadrer pour savoir qui entre sur le territoire", affirme Cédric Herrou, avant de poursuivre: "la clandestinité est liée à l’invisibilité. Beaucoup d’enfants ont disparu en Italie".
Il a d’abord bénéficié de "l’immunité humanitaire". Puis cet engagement lui a valu des poursuites judiciaires, "11 gardes à vue, et cinq perquisitions". Mais "on a gagné plus que des batailles", conclut Cédric Herrou avant de conclure.
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