Dans une grande synthèse qui s’étend de la période antique à nos jours, Didier Nourrisson, historien spécialiste de la nourriture et de la gastronomie, dresse une histoire du vin vivante et colorée. Plus qu’un simple produit fermenté issu du raisin, le vin est un révélateur de la société et de son temps. Il tisse les liens entre les hommes, reconstitue un marqueur social, un enjeu économique, culturel et, plus récemment, de santé publique. Didier Nourrisson éclaire d’une plume enlevée un champ historiographique encore en friche.
Didier Nourrisson - Une histoire du vin - Perrin - 22 € 50
Didier Nourrisson historien, ancien directeur de l’Université pour tous de Saint-Étienne est professeur à l’université Claude-Bernard-Lyon-I. Spécialiste des comportements alimentaires et des addictions, il est l’auteur de : « Crus et cuites, histoire du buveur » « Cigarette, histoire d’une allumeuse » « Au péché mignon, histoire des femmes qui consomment jusqu’à l’excès » « La saga Coca-Cola »…..
Et c’est le vin qui aujourd’hui lui aiguise une nouvelle fois les papilles. Une histoire du vin qui remonte au Déluge. Au Déluge avec Noé comme premier vigneron et premier ivrogne. Avec Dionysos, dieu de la vigne et du vin. Avec les héros d’Homère…Agamemnon ivrogne entêté et Nestor éternel soiffard à la coupe débordant nuit et jour de « vin gaillard ». Avec Alexandre - Alexandre le Grand évidemment - capable d’excès à laisser ivre mort deux jours « de rang » et inventeur d’un concours de forts buveurs qui fit sur le champ plus de trente cinq morts. Il évoque ensuite dans l’ordre ou dans le désordre les noces de Cana, Rabelais et son adage « le propre de l’homme ce n’est pas le rire, c’est le boire » ou la Pompadour affirmant que « le champagne est le seul vin qui soigne les laides et embellit les autres ».
On y apprend aussi que « c’est à Lyon, par la destruction des barrières d’octroi et non à Paris par la prise de la Bastille, que commence en fait la grande Révolution » et qu’en pleine autre révolution, celle de 1848, Lamartine écrivait à sa sœur « Je ne suis pas un poète. Je suis un grand vigneron ». Bref une saga à consommer sans modération et qui sans être « une histoire après boire » n’en justifie pas moins son titre : « Buvez du vin et vivez joyeux ».
Un Jéroboam voire un Balthasar du vin qui détricote aussi - et longuement - l’incroyable perte d’influence des seigneurs de la treille. La plus saine et hygiénique des boissons de Pasteur (à la valeur alimentaire rappelée sur les bons points scolaires) devient au fil du temps l’ennemi public numéro Un - « Un verre çà va, trois verres bonjour les dégâts » - avec pour conséquence une Com revisitée dans le sens de la qualité : à nous le bien boire plutôt que le boire sans soif.
© clichés Louis Reynard
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