"Nous continuerons, professeur. Nous continuerons ce combat pour la liberté, ce combat pour défendre la République dont vous êtes devenu le visage." Ce sont les mots vibrants d'Emmanuel Macron prononcés le 21 octobre dernier lors de la cérémonie d'hommage à Samuel Paty, dans la cour de la Sorbonne. L'assassinat de cet enseignant a montré combien l'enseignement du fait religieux à l'école est une question sensible. Pourquoi la laïcité est-elle autant mise à mal ? Quel doit être le rôle des parents ? Pour en parler, Étienne Pépin et Melchior Gormand reçoivent Isabelle Saint-Martin, auteure de "Peut-on parler des religions à l’école ?" (éd. Albin Michel), Mohamed Zaidouni enseignant et président du Conseil régional du culte musulman (CRCM) de Bretagne, et Samuel Grzybowski, fondateur de l'association Coexister.
"On ne peut pas faire abstraction en histoire ou en lettres ou en philosophie de notions touchant aux religions." Si la nécessité d'aborder les religions en classe semble faire consensus, il est également admis qu'on "n'enseigne pas une approche confessionnelle des religions". Depuis 1882, rappelle Isabelle Saint-Martin, "la laïcisation scolaire a mis fin à tout enseignement catéchétique confessionnel, on ne promeut pas une appartenance religieuse quelconque".
Aujourd'hui, il n'existe pas en France de "cours de fait religieux identifié dans les programmes". Le fait religieux peut être abordé par exemple en histoire, lorsque l'on évoque les Hébreux, la naissance du christianisme ou la naissance de l'islam. En littérature ou en histoire de l'art, on se tient à la dimension symbolique. "On n'entre pas dans la spiritualité ou la conscience des élèves mais on leur donne à comprendre quelque chose d'un grand récit qui a aussi des répercussions littéraires, culturelles et structurantes dans un imaginaire du monde."
Le débat autour de l'enseignement du fait religieux a ressurgi dans les années 1980, "avec la pluralité religieuse accrue de la société française", raconte Isabelle Saint-Martin. En 2002, le rapport de Régis Debray sur "L'enseignement du fait religieux dans l'école laïque" insistait sur le fait qu'on ne peut se passer d'une compréhension de ces questions.
L'expression "fait religieux" a toutefois été critiquée lors de la remise de ce rapport. Certains ont jugé qu'elle "pouvait essentialiser une espèce de religieux surplombant, absolu, non contextualisé". On préfère "parler des faits religieux au pluriel pour insister sur leur diversité".
"Un des grands échecs de la France depuis 20 ans, pour Samuel Grzybowski, c'est d'être incapable d'imaginer comment la religion puisse être le moteur de différents importants faits sociaux, notamment le terrorisme entre autres, qui ont bouleversé notre vie sociétale et sociale."
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