Aujourd'hui sort au cinéma le dernier film de Kenneth Branagh, "Belfast". Trois semaines seulement après son dernier film "Mort sur le Nil".
Kenneth Branagh est un réalisateur prolifique, dans des genres très variés. Il nous avait éblouis à ses débuts avec Shakespeare dans "Beaucoup de bruit pour rien" notamment, puis il a rejoint un cinéma plus tape-à-l’oeil. Et là, à nouveau, changement de registre, avec un film plus personnel et intime, en grande partie autobiographique. Ca se passe à la fin des années 60, en Irlande du Nord où il est né. Il a voulu revenir sur son enfance pauvre et heureuse dans un quartier ouvrier de Belfast, au moment où la guerre civile éclate.
Le film commence avec le début des affrontements entre catholiques et protestants. De manière tout à fait métaphorique, il commence par l’explosion d’une bombe dans la rue où vit un adorable blondinet de 9 ans, Buddy. Un jeune garçon choyé par sa famille, et dont le père va refuser de se battre contre leurs voisins et amis catholiques.
Tout est délibérément vu à travers les yeux de cet enfant, avec un côté un peu naïf. Il ne comprend pas tout de cette menace qui plane et des tensions nouvelles qui apparaissent entre ses parents. Pour Buddy, la réalité de cette guerre, c’est avant tout une barricade au bout de la rue, qui devient le décor de ses jeux d’enfants.
Kenneth Branagh a choisi de filmer en noir et blanc, et en pellicule argentique 35mm, ce qui donne beaucoup de profondeur à la photographie. Les décors ont été reconstitués en extérieurs et sont sublimés par les souvenirs joyeux du réalisateur. C’est un peu la limite du film. Il hésite entre une chronique familiale heureuse (et le rôle central des grands-parents joués par la formidable Judi Dench et Ciaran Hinds), un récit d’apprentissage du jeune Buddy, ou un propos plus politique sur cette guerre absurde qui a conduit de nombreux Nord-Irlandais à fuir leur pays, dont Kenneth Branagh et sa famille. Il n’a pas voulu trancher ni juger et dédie son film, de manière œcuménique, "à tous ceux qui sont partis, à ceux qui sont restés et à ceux qui ont disparu".
Un incontournable cette année sur nos écrans, avec six films sortis en neuf mois! C’est Gérard Depardieu. On le retrouve cette semaine dans un premier film très original. C’est "Robuste" de Constance Meyer où il interprète un vieil acteur à succès, misanthrope et acariâtre, qui va devoir cohabiter avec une nouvelle recrue chargée de sa sécurité. C’est un face à face très étonnant, entre deux êtres aux corps massifs. Face à Depardieu, c’est l’actrice Deborah Lukumuena qui avait obtenu un César dès son 1er rôle dans "Divines", caméra d’or à Cannes en 2016 et qui interroge ici les codes de la féminité mais qui apporte beaucoup de douceur et de grâce au personnage.
Pour terminer, focus sur une romance dans l'Angleterre d'aujourd'hui, avec "Ali et Ava" de Clio Barnard. Autre jeune réalisatrice de talent, c’est son 3ème long métrage et elle réussit à nous émouvoir avec une histoire d’amour improbable sur fond de crise sociale. Ca se passe à Bradford, ancienne petite cité minière. Elle est assistante scolaire, veuve, mère de quatre enfants et lui, est pakistanais, séparé de sa femme. Ils n’ont rien en commun sauf la petite fille dont les deux s’occupent, et c’est grâce à l’humour, à l’attention à l’autre et à leur gentillesse qu’ils s’apprivoisent mutuellement.
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