Frédéric Boyer partage sa conception de la littérature comme une voie d'entrée en relation avec l'Autre, et comme une tentative de conjurer la disparition à laquelle tout être est voué.
Dans son dernier roman, Le Lièvre, paru chez Gallimard, l’écrivain et traducteur Frédéric Boyer raconte la douleur d’un homme dérouté par le deuil.
Lors d’une séance chez un chaman qui l’invite à « laisser partir les morts », des souvenirs d’enfance ressurgissent. Le narrateur se souvient de la fascination qu’il éprouvait à l’égard de son voisin d’immeuble, un Don Quichotte contemporain qui « consacrait une bonne partie de son temps à ne rien faire d’autre que rêver à d’impossibles exploits ». L’héroïsme brandi par cet homme apparaissait alors à l’enfant comme une promesse autant qu’une menace…
Ce roman illustre certains des pouvoirs que Frédéric Boyer prête à la littérature, et dont il nous fait part dans Tu m’en liras tant : face à la disparition inexorable des êtres et des choses, face au sort d’ « êtres éphémères » auquel nous sommes voués, « la littérature permet de trouver des accès à ce qu'on a perdu, à ce qu'on n’a pas encore, à ce qu'on espère ». Par les formes qu’elle tend à inventer dans le langage, la littérature participe aussi à réinventer notre rapport au monde.
L’écrivain nous livre également les liens qu’il perçoit entre la littérature et la spiritualité. Toutes deux interrogent notre rapport à l’existence, à notre propre humanité et à son dépassement, possible ou impossible. En tant que traducteur (il a notamment dirigé une retraduction de la Bible en faisant collaborer des exégètes et des écrivains), Frédéric Boyer insiste sur l’importance du travail de réinterprétation des textes hérités : « La plus belle définition de la spiritualité, c’est de remettre de la vie dans les textes qu’on a reçus ».
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