Gérard Glatt
" Gailland, père et fils " (Presses de la Cité)
Tout l'amour d'un père pour son fils à la jeunesse foudroyée à la suite d'un accident de voiture. Entre Savoie et Bretagne, un roman bouleversant sur le puissant lien filial.Chaque jour, sous les yeux de Chris, se déploie la beauté immuable de la chaîne des Aravis.
Un matin qu'il observe ses montagnes à la longue-vue, la vision d'un corps suspendu au-dessus du vide le renvoie brutalement à son passé.
Juillet 1990. Ils étaient six copains qui fêtaient à Chamonix la fin de leur année d'études. La conduite folle dans les lacets. L'accident. Lui seul touché de plein fouet. Des jambes devenues inertes, inutiles, une vie atomisée…
C'est son père qui, dans un flot d'amour, accompagne le rescapé, tente de lui reconstruire pierre par pierre sa jeunesse perdue. Mais il ne peut s'empêcher de penser aux amis de son fils unique qui l'ont rayé de leur existence. Cette vie pleine de promesses à laquelle Chris avait droit lui aussi, n'est-ce pas eux qui la lui ont volée ?
Après une carrière dans l’administration des finances, Gérard Glatt prend la direction d’un cabinet de conseil au commerce extérieur puis crée une société spécialisée dans le marketing direct sur internet. Passionné d’écriture, « Galland, père et fils » est son treizième roman. « N’y va pas ! elle avait dit. Avec tes copains, vous allez faire les fous, il ne faut pas que tu ailles avec eux, Chris. Je t’en prie, pour ton père… » Il y était allé quand même, ils avaient fait les fous et aujourd’hui, vingt-huit ans après, Chris est toujours dans un fauteuil roulant. Ils étaient six - quatre garçons, deux filles - ils avaient vingttrois ans et voulaient arroser le début des vacances, leurs succès universitaires et l’anniversaire de Chris. Ils s’étaient entassés dans la 205 de Xavier, une trois portes minuscule. Xavier était au volant, Hélène à cheval sur le changement de vitesses, Marc à la place du mort et derrière, Chris, coincé entre les cent kilos de Tantz et les cinquante de Carol. Ils avaient bien ri, bien dansé, bien bu et dans les virages du retour, Xavier - bourré comme jamais – « s’était chopé la falaise de plein fouet ». Plus de peur que de mal, sauf pour Chris, la manivelle du cric plantée dans la colonne. Six jours de coma, paralysie à vie, la mémoire envolée et depuis ce jour sans nouvelles des copains. Oui sans nouvelles et depuis vingt huit ans.
Correcteur chez un grand éditeur, il habite aujourd’hui au pied du Mont Blanc et entre ses lectures de manuscrits, toujours amoureux des montagnes, regarde dans sa longue vue - une Bresser Condor grossissant soixante-douze fois – « ce là-haut qu’il ne peut plus atteindre ». Et voilà que l’œil collé à sa lunette il découvre - pendu entre ciel et terre et du côté de la pointe Percée - « un macchabée, plié en deux, se balançant dans le vide ». Ce macchabée c’est Tantz, le bellâtre d’un quintal qui le lendemain de l’accident aurait claironné « dire que j’aurais pu être à sa place. » Chris a lu aussi dans un journal qui traînait par là - mais était-ce par hasard - qu’en 2003 Xavier le conducteur de la 205 avait été assassiné, et a appris qu’Hélène était décédée en 2011 de mort violente. Puis dans une boîte de Banania que son père cachait à la cave il a compris.
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