ÉPIDÉMIE DE CORONAVIRUS : LES REDIFFUSIONS DE RCF - L'épidémie de coronavirus et les mesures prises pour tenter de l'enrayer viennent bouleverser notre grille de programmes. Afin de vous aider durant cette période de confinement, RCF vous propose de réentendre une sélection du meilleur de nos programmes.
> En savoir plus
Le Père Henri Madelin était invité dans l'émission Dialogue en septembre 2018, à l'occasion de la parution de son ouvrage co-écrit avec Yohan Picquart, 'Heurs et malheurs de l'autorité' (éd. Lessius). Le jésuite s'est éteint le 8 avril dernier, à l'âge de 84 ans, atteint par le Covid-19.
revenait sur la notion d'autorité, que l'on dit en crise. Mais qu'est-ce que l'autorité ? Celle des parents sur leurs enfants, celles des États sur les ciotyens, celles des institutions internationales sur les États... ?
Si l'on considère la question sous l'angle géopolitique, on observe des 'avancées contradictoires', note le P. Madelin, avec 'beaucoup de gains positifs'. Par exemple on est sortis de la guerre. Et avec la création de l'ONU ou des institutions européennes, c'est-à-dire d'autorités 'qui travaillent pour la paix et la réconciliation des peuples', 'le monde occidental a créé quelque chose d'inouï'.
Certes, ces insitutions 'avancent avec difficultés', mais ce que rappelle le jésuite c'est l'idée 'très forte' et très novatrice que 'ce n'est pas seulement économiquement qu'il faut s'entendre mais politiquement'. Avec les institutions internationales, les États ont fait le pari de 'laisser tomber des privilèges ou des formes de nationalismes pour les remettre à l'Europe'. Une Europe qui défend les citoyens : il y a là à la fois une idée sans cesse à défendre. 'L'Europe comme défenseur [des citoyens] est une manière de purger les nationalismes.'
Et cependant, on observe aussi une montée des nationalismes, avec l'élection de Donald Trump aux États-Unis ou la montée de l'extrême-droite en Hongrie, en Pologne, en Autriche... Le P. Madelin d'observer qu'il y a 'de jeunes nazis', des jeunes 'qui n'ont jamais connu ce qu'ils dénoncent mais qui sont dans un système d'enrobement, d'occupation très pessimiste, très destructrice, nihiliste'.
Lorsqu'il cède - 'de temps en temps' - au 'pessimisme', le Père Madelin confie : 'Je me dis que c'est étonnant, il faut 30 ans en fait pour que quelque chose qui est essentiel, que l'on a passé comme cap, s'abime.' Mais s'il fallait trouver des raisons d'espérer, alors le jésuite se tourne vers l'Europe : elle qui doit 'se dépêcher de construire tout ce qu'elle a à construire avant que de grands géants nationalistes n'essaient de nous dépasser complètement'.
Dans son ouvrage, le Père Heni Madelin se confie sur son enfance. 1945, 1946, 1947... il se souvient des tickets de ravitaillement et de la politique mouvementée de la France. Des efforts pour reconstruire les relations franco-allemandes. Très jeune, le futur jésuite a voulu se tourner vers Sciences Po, attiré par l'histoire des idées et la culture géopolitique. Son éducation catholique l'a amené à penser ce qui fait autorité, et l'autorité à laquelle on se soumet. 'Le plus intéressant mais le plus flou c'est l'autorité morale', dit-il. Des artistes, des religieux, des entrepreneurs, des visionnaires...
Dans les Évangiles, on lit qu'une 'autorité' émane de la personne même du Christ. 'Il enseignait en homme qui a autorité' (Mc 1, 21-28). L'autorité de Jésus est la même qui créa le monde. 'Il a autorité sur les éléments', exlique le jésuite. Avec le Père Madelin, on perçoit combien réfléchir à l'autorité s'avère essentiel. Avec les avancées de la science, 'on va être très interrogés par tout ce qu'il y a dans l'infiniment grand, l'infiniment petit...' Et le prêtre de conclure : 'Il y a une autorité de tout ce qui se passe en dehors de nous.'
Émission d'archive diffusée en septembre 2018
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !