JavaScript is required

Henri-Dominique Lacordaire: Marie Madeleine 4/5

RCF Hauts de France, le 19 novembre 2020 - Modifié le 27 février 2024
Mémoires de nos pères • RCF Hauts de FranceHenri-Dominique Lacordaire: Marie Madeleine 4/5
Avec le frère Nicolas Burle, nous partons à la découverte des grandes prédications du Frère Henri-Dominique Lacordaire, dominicain. (1802-1861)

4. MARIE MADELEINE
Henri-Dominique Lacordaire avait le don de l’amitié. Ecoutons les pages admirables de son dernier livre publié sur Marie Madeleine en 1859 un an avant son entrée à l’Académie française, deux ans avant sa mort. Apôtre des apôtres, première des disciples du Christ à prêcher la Résurrection du Christ, figure de conversion et preuve éclatante de la puissance de la miséricorde divine qui peut embellir les âmes des plus grands pécheurs, patronne de l’Ordre des Prêcheurs, contemplons Marie Madeleine au matin de Pâques. 
    Saint Pierre et saint Jean se précipitent ; Madeleine seule les suit. Ils arrivent au monument ; ils entrent : rien. Le linceul est dans la pierre, le suaire de la tête à part. Les deux apôtres ne savent que penser, et se retirent. Personne encore sur la terre ne comprenait ce qui s’était passé, ni saint Pierre, ni saint Jean, ni Marie Madeleine. Un voile était sur tous les yeux. Où est Jésus ? Madeleine est restée seule, seule des saintes femmes, seule des apôtres, seule de tous, avec ce tombeau vide et tant aimé. Ô moment de l’amour aux prises avec la mort, et ne sachant pas encore que la mort est vaincue.

    Ainsi dans ce moment solennel de la résurrection du Sauveur, moment qui a décidé de tout, de la victoire de Dieu sur le monde et de la vie sur la mort, ce n’est pas à sa mère que Jésus apparaît d’abord ; ce n’est pas à saint Pierre, le fondement de l’Eglise et le sommet de la théologie ; ce n’est pas à saint Jean le disciple bien-aimé : c’est à Marie Madeleine, c’est-à-dire à la pécheresse convertie, au péché devenu l’amour par la pénitence.

    Femme, pourquoi pleurez-vous ? Jésus ne le lui avait point dit, lorsqu’au jour de sa conversion elle pleurait à ses pieds. Maintenant l’heure des larmes est passée; la pénitence, la croix, le tombeau, tout a disparu dans les splendeurs triomphantes de la résurrection. Marie ne doit plus pleurer que ces larmes qui sont éternelles dans le cœur des saints, parce que c’est Dieu qui les cause et l’extase qui les répand.

    Qui cherchez-vous ? Il n’y a plus rien à chercher Marie : vous avez trouvé Celui que vous ne perdrez plus. Vous ne le verrez plus sur la croix entre les mains de la mort. Vous n’irez plus à son tombeau pour l’y embaumer dans les parfums de la charité. Vous ne le demanderez plus à personne sur la terre, à personne dans le ciel, à lui moins qu’à tout autre ; car lui c’est votre âme, et votre âme c’est lui. Séparés un moment, vous vous êtes rejoints dans le lieu où il n’y a plus d’espace, plus de barrière, plus d’ombre, plus rien de ce qui empêche l’union et l’unité. Vous êtes un comme il le souhaitait, un comme vous l’espériez, un comme l’est Dieu dans son Fils, au fond de cette essence que vous habitez par la grâce et que vous habiterez un jour par la gloire.

    Marie ! Oh ! Quel accent eut ce mot ! accent de reproche, parce que Madeleine n’avait pas reconnu Jésus ; accent de révélation par le reproche. Marie ! hélas ! ici-bas même, que notre nom est doux dans la bouche d’un ami, et qu’il va loin au fond douloureux de notre être ! Et si c’était Dieu mort pour nous, ressuscité pour nous, qui nous appelât par notre nom, quel écho ne remuerait-il pas dans les infinies profondeurs de notre misère ! Marie-Madeleine entendit tout dans son nom ; elle entendit le mystère de la résurrection, qu’elle ne comprenait pas ; elle y entendit l’amour de son Sauveur, et dans cet amour elle le reconnut. Maître ! répondit-elle. Un mot lui suffit, comme un mot avait suffi au Fils de Dieu. Plus les âmes s’aiment, plus leur langage est court.
 

Mémoires de nos pères - RCF Hauts de France
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Mémoires de nos pères • RCF Hauts de France
Mémoires de nos pères - RCF Hauts de France
Cet article vous a plu ?
partager le lien ...

RCF vit grâce à vos dons

RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation  de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

Faire un don
Qui sommes-nous ?

RCF est créée en 1982, à l'initiative de l'archevêque de Lyon, Monseigneur Decourtray, et du Père Emmanuel Payen. Dès l'origine, RCF porte l'ambition de diffuser un message d'espérance et de proposer au plus grand nombre une lecture chrétienne de la société et de l'actualité.

Forte de 600.000 auditeurs chaque jour, RCF compte désormais 64 radios locales et 270 fréquences en France et en Belgique. Ces 64 radios associatives reconnues d'intérêt général vivent essentiellement des dons de leurs auditeurs.

Information, culture, spiritualité, vie quotidienne : RCF propose un programme grand public, généraliste, de proximité.Le réseau RCF compte 300 salariés et 3.000 bénévoles.

RCF
toujours dans
ma poche !
Téléchargez l'app RCF
Google PlayApp Store
logo RCFv2.14.0 (21796db) - ©2024 RCF Radio. Tous droits réservés. Images non libres de droits.