Nous terminons une semaine spéciale sur le thème "Réinventions la démocratie" sur RCF . Aujourd'hui, Melchior Gormand et Véronique Alzieu, mettent en lumière les liens entre Église et démocratie. Un sujet plus qu'actuel avec le vote de la loi sur le séparatisme. L'Église a-t-elle son mot à dire dans le débat démocratique ? Et, comment les chrétiens s'impliquent-ils dans l'institution qui les représente ?
Deux invités sont présents pour répondre à ces questions : Pierre de Charentenay, père jésuite, enseignement à l'Institut Catholique de la Méditérranée et Don Guillaume Jedrzejczak, moine cistercien, président de la Fondation des Monastères.
Le lien entre l'Église et l'état a évolué à travers les siècles. Fortement impliquée dans la royauté et les monarchies grâce au droit divin, l'Église va voir son rôle s'amoindrir avec la révolution française qui marque "une rupture fondamentale" selon le père de Charentenay. On assiste alors à la promotion des droits de l'Homme, qui est vue comme un affront aux "droits de Dieu" par l'institution religieuse. "La démocratie n'a été vraiment approuvée que par Pie XII en 1944 où il y a un appui total à la démocratie moderne" relate Pierre de Chantenay.
On pourrait comparer la vie monastique au fonctionnement démocratique. Une vie de partage et de fraternité portait par des valeurs facilement assimilables à celles de la démocratie. Pour Don Guillaume Jedrzejczak, il faut bien différencier ces deux formes de démocraties. "La vision monastique de la démocratie, ce n'est pas une vision d'opposition entre des majorités et des minorités, c'est plutôt une recherche commune dans un processus de discernement par rapport à un critère qui dépasse : qu'est-ce qui est évangélique dans la décision que nous allons prendre ?" précise Don Guillaume Jedrzejczak.
Pour le père Pierre de Charentenay, il y a une réelle évolution depuis les années 50 du rapport entre les laïcs et la hiérarchie ecclésiale. "Dans les années 30, on disait "c'est le troupeau qui suit l'évêque et le responsable", aujourd'hui on parle du Peuple de Dieu et dans le Peuple de Dieu il y a une hiérarchie qui est au service du Peuple de Dieu donc ça change tout." Selon lui, il faut aujourd'hui comprendre comment le Peuple de Dieu peut prendre davantage part au service de l'Église et trouver les formes adéquates pour qu'il le fasse ce qui n'est pas toujours évident.
Malgré tout, il rappelle que le Pape se définit comme "le serviteur des serviteurs de Dieu" ce qui prouve une volonté de l'Église de donner la parole à ceux qui l'incarnent : les fidèles.
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