À l’image du confinement généralisé favorable à la faune et à la flore, des remontées de terrain suggèrent une réalité moins brillante. On peut d’abord craindre les fausses bonnes idées à caractère sanitaire comme cette initiative stupide d’une commune de désinfecter la plage à l’eau de Javel, d’où un massacre de la faune littorale, et complètement inefficace vis-à-vis du virus. Je crains ce genre de mesures destructrices à but de pure communication. Mais entre collègues d’associations de protection de la nature nous constatons ou sommes informés de destructions occasionnées par des privés, des particuliers, qui profitent de ce que personne n’est là pour le voir : dépôts sauvages de produits toxiques, hydrocarbures vidés dans une mare pleine d’amphibiens protégés, haies arrachées en douce, sans oublier des espèces protégées parfois très rares qui prennent un coup de fusil. Les écologistes sont confinés, les forces de l’ordre mobilisées ailleurs, et visiblement certains en profitent.
Ces infractions se produisent en tout temps. Mais ça s’aggrave alors que notre environnement est déjà en mauvais état. On ne peut pas se permettre de perdre comme ça un hibou grand-duc ou une mare pleine de crapauds sonneurs, il en reste bien trop peu. L’inquiétant, c’est que ça révèle que pour beaucoup d’entre nous, l’écologie reste quelque chose de contraignant, que c’est plutôt une bonne d’avoir le droit de se débarrasser de ses pots de peinture dans la rivière ou de mettre un coup de karcher sur des nids d’hirondelle. Tout le monde dit "prise de conscience, prise de conscience, mais à la première occasion, ça cède. C’est comme sur la route, si c’est seulement par peur des radars qu’on évite de rouler à 150, c’est qu’il y a quelque chose qu’on n’a pas bien compris. Est-ce qu’il faut alors revenir à une écologie plutôt punitive ? ça ne fait pourtant pas l’unanimité.
Ces infractions en série de cette année montrent qu’on ne peut pas faire d’angélisme. Sans cadre légal nous ne sommes pas assez soucieux d’écologie, compte tenu de l’état de la planète. Mais plus nous en restons au punitif, plus l’écologie est à tous les sens du terme impopulaire et donc rejetée plutôt qu’assimilée. Aujourd’hui, en cas de constat d’infraction, je pense préférable de contacter les associations écologistes concernées comme FNE ou la LPO qui pourront passer d’abord par la case médiation. Dans beaucoup de cas c’est la méconnaissance qui joue. Et comme cette méconnaissance nous concerne tous, renseignons-nous aussi auprès de ces associations, sur nos droits et nos devoirs notamment vis-à-vis de l’eau, de la faune et de la flore pour éviter de nous mettre bêtement à la faute.
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