Son nom sonne comme le début d'une histoire rocambolesque. Et pourtant, son objectif était bien sincère: réconcilier les hommes et les croyances. Avec Jean-Paul Mongin, repartons à la découverte de cet humaniste précurseur, au coeur parfois un peu volage ...
Pic de la Mirandole était un humaniste italien du Quattrocento que ses amis surnommaient "Prince de la concorde", car il voulait réconcilier Platon et Aristote, la philosophie grecque et la révélation biblique, mais aussi les sciences curieuses et la doctrine chrétienne. "Nul savoir ne peut mieux nous convaincre de la divinité de Jésus-Christ, que la magie et la cabale" disait-il. En bref, le comte Pic de la Mirandole était animé du désir de tout combiner. Un désir qui porte un nom savant : le syncrétisme.
Pic avait vu ses deux frères Galeotto et Antonio de la Mirandola se déchirer dans des luttes sanglantes au sujet de l’héritage de leur défunt père. Il se serait alors promis de consacrer sa vie à la réconciliation des hommes. Au service de ce projet, il met une mémoire exceptionnelle (il parlait 22 langues à 18 ans), et un appétit de connaître sans limites. On est à un moment où toute la Chrétienté, qui ne s’est pas encore déchirée autour la Réforme, est portée par l’émerveillement de redécouvrir les auteurs antiques qui lui semblent parfois si familiers. D’où le rêve de Pic pour la paix : réunir les savants du monde entier autour d’une seule vérité, éternelle et nouvelle.
Il y a certainement une part d’enthousiasme juvénile lorsque Pic de la Mirandole, en visite à Paris en 1485, se lance à 22 ans dans la rédaction de ses 900 thèses philosophiques, cabalistiques et théologiques autour desquelles il entend concilier tous les grands esprits de son temps. A Florence d’abord, il s’assure du puissant patronage de Laurent de Médicis, dit "Laurent le Magnifique". Ensuite il veut mettre ses thèses au débat et prend le chemin de Rome, où il compte les publier et les défendre sous l’autorité du Pape.
En chemin, notre jeune érudit s’amourache de l’épouse d’un cousin de son protecteur Laurent de Médicis. Ni une ni deux, fi de la concorde, Pic décide de s'enfuir avec elle. Mais il se fait rattraper et jeter aux fers et faillit mourir. Le tragique penchant des hommes pour des catastrophes qui mènent à la guerre est également exprimé à la fois chez le poète latin Ovide et chez Saint Paul.
découvrir la suite de son histoire dans l'album intitulé "Pic de la Mirandole et l’ange jaloux" écrit par Hélène Malard et illustré par Marie Mignot dans la collection Les petits Platons.
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