Comment la découverte du tombeau du plus célèbre des pharaons égyptiens, Toutânkhamon, a-t-elle été relatée dans les pages du journal Le pèlerin, en 1923 ? Plongée dans l' Histoire avec Sophie Laurent à l'occasion des 150 ans du non moins célèbre magazine.
Bonjour Sophie, dans la série de pages que republie le pèlerin pour célébrer ses 150 ans, vous avez sélectionné un article du 18 mars 1923 relatant la fabuleuse découverte en Egypte de la tombe du pharaon Toutânkhamon. Pourquoi ce choix : Pour montrer à nos lecteurs d’aujourd’hui, Vincent, que le goût du pèlerin pour les informations scientifiques et patrimoniales ne date pas d’hier. D’ailleurs les Assomptionnistes, la congrégation qui est à l’origine du journal Le pèlerin et du groupe Bayard, publiait aussi à l’époque un journal scientifique qui s’appelait Cosmos et commercialisait des appareils de projection dernier cri.
Les journalistes puisaient leur inspiration chez des confrères spécialisés : Il semble bien que ceux du journal Le pèlerin de l’époque étaient abonnés à un journal scientifique britannique, The Sphère, puisqu’ils ont reproduit des photographies noir et blanc parues chez ce confrère sous forme de dessins.
Au départ, il s’agit d’une découverte archéologique britannique : C’est sans doute pour cela qu’il y a un tel délai entre l’ouverture de la tombe (le 29 novembre 1922 à Thèbes en Haute-Egypte par l’archéologue britannique Howard Carter soutenu par son mécène Lord Carnavon) et la parution de l’article quasiment quatre mois plus tard dans nos colonnes.
La presse de l’époque n’était-elle pas assez réactive : Le monde entier a immédiatement pris connaissance de l'intérêt grandissant de cette incroyable découverte et les médias se sont précipités. Comme il est souligné dans l’article, la reine des Belges a eu le temps de venir voir le trésor avant la fin de l’année 1922. Cependant, le journaliste du journal Le pèlerin a apparemment tardé à en rendre compte déplorant ouvertement qu’il s’agissait d’une découverte anglaise.
« Si intéressante que soit la découverte de lord Carnavon, elle ne saurait faire oublier les savants français qui ont ouvert la voie et fourni les éléments dont les chercheurs actuels ont bénéficié » dixit le journaliste du pèlerin de l'époque. On n’écrirait plus comme cela aujourd’hui, d'autant que le journaliste ne donne aucun détail sur le trésor lui-même, mais s'étend sur les mérites des égyptologues français. Au XIXème siècle, l’égyptologie faisait l’objet d’une guerre scientifique ouverte avec les Britanniques. Chacun des deux pays étant en compétition pour prendre le contrôle de l’Egypte.
A la suite du déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion en 1822, ce sont des Français qui administraient alors l’archéologie dans ce pays. Et dans le ton contrarié du journaliste du pèlerin, on sent un regret cuisant de ne pas être à l'origine de cette fabuleuse découverte. Les visiteurs du musée du Caire ne désemplissent pas.
Pour en savoir plus : Retrouvez l'article dans le numéro du pèlerin qui sera en kiosque dès demain.
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