Ancienne élève de l’IRA et de l’ENA (promotion René Char) Agnès Clancier a vécu en Australie et au Burkina Faso. Son séjour en Australie lui a déjà donné le thème de deux ouvrages « Port Jackson » chez Gallimard et « Outback, disent-ils » aux éditions Henry.
La chronique de Jacques Plaine
AGNÈS CLANCIER Dans le rêve de l’arbre creux Les éditions du sonneur Ancienne élève de l’IRA et de l’ENA (promotion René Char) Agnès Clancier a vécu en Australie et au Burkina Faso. Son séjour en Australie lui a déjà donné le thème de deux ouvrages « Port Jackson » chez Gallimard et « Outback, disent-ils » aux éditions Henry. Le 1er janvier 1791 Elizabeth Murray s’évade de la colonie pénitentiaire de Sydney. Du camp des femmes où les gardes l’avaient réintégrée après la mort du lieutenant. Si elle est reprise, elle le sait, elle sera pendue, pendue comme ils ont pendu Stephen. « Stephen et le lieutenant, dont l’amour m’a portée et qui vivront en moi jusqu’à la fin de mes jours ». Son plan pour sauver sa peau ? S’éloigner le plus vite possible de la colonie qui, elle en est sûre, va se mettre à sa recherche. « Je franchis des talus, des collines et des ruisseaux, escalade des amas de rochers, traverse une vaste plaine… » puis longer la côte vers le nord, rester à proximité de l’océan, avec l’espoir de ne pas manquer le bateau qui un jour la ramènerait en Angleterre. Les jours passent, ses ressources s’épuisent. L’eau est son souci et elle apprend à se laver avec du sable, à se nourrir de praires et de palourdes, à dénicher des œufs d’émeu, seule dans le silence du bush - ces buissons serrés des pays secs - et avec pour unique compagnie l’enfant qui remue dans son ventre. Avec aussi une angoisse, croiser une tribu d’indigènes, de ces sauvages qui dit-on se nourriraient de chair humaine « Un prisonnier envoyé couper des joncs les a vus jeter un corps à la peau blanche sur leur feu ». Et puis un jour - « un jour où elle a perdu le compte des lunes » - un jour où elle marche dans « des fougères plus hautes que les plus hauts immeubles de Londres » un jour pourtant où elle n’a rien vu, rien entendu, elle se trouve entourée d’une vingtaine d’hommes, de femmes, de vieillards et d’enfants « aussi nus qu’on peut l’être ». Ils sont là, immobiles, à la regarder sans rien laisser deviner de leurs intentions et à prononcer des mots qu’elle ne comprend pas. Pourtant avec eux elle va vivre des lunes et des lunes, les suivre et apprendre à les connaître. À les aimer aussi. Et puis un bateau apparaîtra, un trois-mâts « une gabare pontée de trois ou quatre cents tonneaux » un mirage ? L’espoir du retour ? Et si au contraire c’était le début de la fin ou de quelque chose qui y ressemble.
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