Ce jeudi 9 décembre, le diocèse de Paris va présenter son projet d'aménagement intérieur de Notre-Dame de Paris, à la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture. Selon Guillaume Goubert, ce projet va susciter à n'en pas douter de vives réactions. Il prévoit en effet des changements assez substantiels.
Si la restauration des murs de la cathédrale, après l’incendie du 15 avril 2019, relève de l’État, l'aménagement intérieur est sous la responsabilité de l’autorité religieuse affectataire du monument, en l’occurrence le diocèse de Paris. Un projet ambitieux a donc été élaboré sous la direction du père Gilles Drouin, directeur de l’Institut supérieur de liturgie de l’Institut catholique de Paris (ICP). C’est ce projet qui va être présenté ce jeudi 9 décembre.
La destruction d’une grande part du mobilier a été l’occasion pour le diocèse de réfléchir à l’aménagement de ce grand vaisseau de pierre qui est à la fois la cathédrale du diocèse et un des monuments les plus visités au monde. À la veille de la pandémie de Covid, il voyait passer dans ses murs 12 millions de visiteurs par an. D’où l’idée de mieux les accueillir et d’essayer de les faire davantage accéder à la signification spirituelle du lieu.
Au lendemain de l’incendie, l'idée d'un concours d'architecture avait suscité de très vives réactions. Emmanuel Macron et Édouard Philippe, alors premier ministre, avaient parlé d'une cathédrale "plus belle encore", et les défenseurs du patrimoine avaient été scandalisés que l’on touche à l’œuvre d’Eugène Viollet-le-Duc, l’architecte qui a mené la grande restauration de 1845-1864. Et il fut finalement décidé de tout refaire à l’identique, y compris la couverture en plomb de la toiture, en dépit du danger que cela représente pour la santé publique.
Côté aménagement intérieur, le débat sera le même, prévient Guillaume Goubert : le projet conçu par l’équipe de Gilles Drouin prévoit en effet des changements assez substantiels. Installation d’une cuve baptismale au milieu de la nef, des bancs et non des chaises qui seraient facilement amovibles pour libérer l’espace, des œuvres d’art contemporain dans les chapelles latérales... De quoi se trouver en présence d’une double colère, celle des intégristes du patrimoine monumental et celle des catholiques traditionalistes soucieux que l’on ne touche pas à l’église de toujours.
Selon Guillaume Goubert, il convient de rester très prudent et très respectueux, d'éviter ce qui serait irréversible. Pour lui, chaque génération peut enrichir le patrimoine hérité du passé et le mélange des époques et des styles peut être très fructueux.
Ainsi, la fameuse croix de bois doré installée au fond du chœur avait été commandée en 1993 par Mgr Jean-Marie Lustiger. Au lendemain de l'incendie, sa présence intacte au milieu des décombres avait fortement marqué les esprits. Ce qui fait dire à Guillaume Goubert que l'histoire de cette croix, à elle seule, suffit à montrer que la création contemporaine peut enrichir une cathédrale de la plus précieuse des manières.
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