Il a sorti en mars 2023 un livre qui a fait couler de l’encre sur sa position en faveur de l’euthanasie ou du suicide assisté, le philosophe André Comte-Sponville était venu raconter sa vie et son rapport à la philosophie au micro de Thierry Lyonnet en 2021. Il est l'un des philosophes français les plus connu du grand public.
« C’est chose tendre que la vie, et aisée à troubler », disait Montaigne. Cette phrase prend tout son sens pour André Comte-Sponville que la vie n’a décidé pas épargné. Cet « enfant grave », fils d’un père rejetant et d’une mère dépressive, n’a pas eu une enfance heureuse. Son rapport au bonheur était d’ailleurs biaisé par l’attitude de sa mère, dont les rares moments de joie sonnaient faux. « J’ai gardé l’idée que la vérité était du côté de la tristesse et du malheur et que la joie était du côté de l’illusion, du faux-semblant », analyse-t-il des dizaines d’années plus tard. Ce n’est qu’en découvrant la philosophie, grâce au conseil de l’aumônier de son collège, que André Comte-Sponville trouva des réponses à ses questions et réalisa que c’était le contraire : « c’est l’illusion qui rend malheureux et c’est la vérité qui apaise, qui libère. Et ça c’était une découverte formidable », sourit-il.
Des épreuves, il en aura connu de nombreuses autres dans sa vie. A commencer par la mort foudroyante de sa fille à peine âgée de six mois. Une fois encore, la philosophie a été sa bouée de sauvetage, bien qu’il admet qu’il ne pouvait plus lire certains écrivains comme Leibniz qui disait « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles ». « Quand on vient de perdre un enfant on ne peut plus encore y croire. J’aime les philosophes qui vous accompagnent dans la souffrance, plutôt que d’essayer de vous dire aller c’est pas si grave », confie-t-il.
« S’emparer de l’inconsolable pour le transformer en paix, en sérénité » ; c’est ce qu’a essayé de faire André Comte-Sponville grâce à la philosophie. Cette discipline lui a permis notamment de « prendre du recul » sur tous les aspects de la vie, de s’apercevoir qu’il ne servait à rien d’espérer car l’espérance est systématiquement déçue. « Mes moments de plus forte espérance ont été mes moments de plus grands malheurs, affirme-t-il. J’ai perdu un enfant, pendant les nuits où j’attendais qu’elle guérisse ou qu’elle meurt, jamais de ma vie je n’avais espéré aussi fort et jamais je n’avais été aussi malheureux, parce que j’étais mort de trouille ». Désormais, il tâche de ne rien espérer car c’est dans les moments où il n’espérait rien qu’il vivait le plus en paix.
Plus que cela, la philosophie lui a permis d’accepter la mort. D’abord grâce à Epicure qui lui a enseigné que « la mort n'existe ni pour les vivants ni pour les morts, puisqu'elle n'a rien à faire avec les premiers, et que les seconds ne sont plus ». Pour cet athée qui se dit « non-dogmatique et fidèle » - car conscient que son athéisme n’est pas un savoir mais une opinion et car il est toujours attaché aux valeurs chrétiennes – avoir peur de la mort, c’est « avoir peur de rien ». Maintenant qu’il est convaincu de cela, il affirme ne pas vouloir être immortel, et prône même l’euthanasie volontaire et de l’assistance au suicide.
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