Pour beaucoup de Français, Anny Duperey est une artiste "chaleureuse et humaine". Une image qu'elle porte depuis la série "Une famille formidable" et la publication de son livre, "Le voile noir" (éd. Seuil). Il y a 20 ans, elle y révélait le drame qui a marqué sa vie, la mort de ses parents quand elle était enfant. Sa profonde humanité, on la retrouve dans son dernier ouvrage "Le Tour des arènes". Un conte initiatique qui invite à s'écouter soi-même et renouer avec ses instincts profonds.
La plume sensible, Anny Duperey a déjà écrit une dizaine d’ouvrages. Elle vient de publier "Le Tour des arènes" (éd. Seuil). C’est l’histoire de Solange, une jeune femme en rupture avec sa famille, une famille un peu trop bourgeoise à ses yeux, qu’elle a quittée "pour vivre la vraie vie des vraies gens". En couple avec un homme qui a fait le parcours inverse, issu d'un milieu pauvre, elle est prise par un mal-être profond. À la faveur d’un voyage organisé aux Saintes-Maries-de-la-Mer, elle s'échappe et découvre Nîmes. C’est là qu’elle rencontre "la femme en noir", "une fabuleuse clocharde" comme la décrit l’auteure. Elle repart libérée grâce à cette dame mystérieuse.
"Le ciel était d’un bleu profond. Elle s’assit un moment sur une borne, au coin d’une vieille porte cochère, pour le contempler. Était-ce l’illumination orange des arènes qui le faisait paraître par contraste d’un bleu aussi intense ? Elle ferma les yeux et sans même en avoir conscience, glissa dans le sommeil. Solange commençait son vrai voyage…"
Anny Duperey, "Le Tour des arènes" (éd. Seuil)
C’est un "conte initiatique" que raconte Anny Duperey, "où l’héroïne glisse dans ce voyage". "J’ai voulu faire un conte sur l’instinct et l’inconscient, et les fameux hasards, quand ils s’entendent avec l’inconscient pour vous mettre le nez là où ils doivent le mettre." Parfois quand ça va mal, on va voir un psy, parfois, "si on laisser, si on est attentif, on se dirige à l’instinct vers une solution"...
L’écriture tient une place importante dans la vie d’Anny Duperey. L'écriture, mais aussi la danse, la photo... "Je dis toujours que quand on opère une résilience, comme dirait le grand Boris Cyrulnik, après un traumatisme comme ça, et qu’on l’opère par l’art, on a souvent des dons cousins, on est doué pour l’écriture, pour le dessin, pour la danse…"
C'est dans "Le voile noir" (1992) elle a dévoilé la cause de son traumatisme, le drame de la mort de ses parents, quand elle avait neuf ans. "Je voulais partager et être comprise, c’était comme une plaie ouverte qu’on a sous un pansement, j’ai eu envie de soulever le pansement et de décrire qu’est-ce qu’il y a là-dessous." 30 ans après, Anny Duperey connaît encore par cœur son tout premier courrier de lecteur, en l'occurrence de lectrice puisqu'il s'agit d'une dame qui lui disait ceci : "Je viens de finir votre livre et je suis très inquiète pour vous, vous allez ressentir un soulagement c’est légitime mais méfiez-vous, vous n’avez fait qu’un pas !" Une lettre qui lui fait dire : "Je ne sais pas s’il y a d’autres auteurs qui ont eu leur vie changée par les lecteurs, c’est un partage incroyable !"
Ce livre paru alors que la série "Une Famille formidable" était diffusée pour la première fois à la télévision. Cela a profondément changé l’image que les Français avaient d’Anny Duperey. "Il y a eu un grand virage", se souvient-elle. Elle qui avait "un côté un peu hiératique, un peu distant, hautaine" et qui "ne prêtait pas forcément à la sympathie", a reçu la série comme un "cadeau de la vie et du métier". Cela a permis "une nouvelle rencontre avec le public". Et donné à Anny Duperey l’image d’une actrice sincère, "chaleureuse et humaine" d'après un micro-trottoir réalisé pour RCF.
Le grand public a désormais en tête le drame qui a marqué son enfance. Un drame qui est aussi à l’origine de son engagement depuis 1993, comme marraine de l’association SOS Villages d'Enfants. Cette ONG implantée en France en 1954 œuvre pour que les enfants, quand ils sont orphelins ou retirés à leur parents parce que maltraités ou très défavorisés, ne soient pas séparés de leurs frères et sœurs. « Il est inscrit dans la loi maintenant qu’on ne doit pas séparer les frères et sœurs, mais il y a une petite phrase qui change tout, c’est "dans la mesure du possible". Et c’est rarement possible… ».
À la mort de ses parents, Anny Duperey a elle-même été séparée de sa petite sœur de 5 mois. Elle n’en veut à personne assure-t-elle, car "personne n’a vu que c’était une catastrophe".
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