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Bande dessinée : "Les Pizzlys", un voyage coloré

Un article rédigé par Stéphanie Gallet - RCF, le 21 octobre 2022 - Modifié le 17 juillet 2023
La BD de la semaineBD : Les Pizzlys : l'un des plus beaux albums de cette rentrée

Avec la bande dessinée "Les Pizzlys", de Jérémie Moreau (éd. Delcourt), nous sommes dans des tons acidulés presque fluos, pour une histoire qui nous fera voyager de la France aux États-Unis...

Couverture de la BD "Les Pizzlys" edition DelcourtCouverture de la BD "Les Pizzlys" edition Delcourt

Nathan est chauffeur de VTC. Dès les premières cases, nous sommes avec lui dans sa voiture. Nous découvrons un jeune homme épuisé, qui enchaîne les courses et qui semble proche du burn-out. Il y a une série d’images très parlante pour évoquer son état : il est en position de conducteur, les mains sur le volant, le pied sur les pédales, sauf qu’il n’y a ni volant ni pédale ni VTC d’ailleurs. Nathan flotte dans les étoiles, son corps conduit, mais lui est ailleurs… Et ce qui devait arriver, arriva !

 

L'histoire commence par un accident

 

Et c'est un drame. Nathan n’a rien, mais la voiture est HS. Une voiture qu’il est loin d’avoir terminé de payer… Et on découvre la vie de Nathan, jeune homme qui élève seul son petit frère et sa petite sœur après la mort de leur mère et qui pour cela a sacrifié ses études.

 

Heureusement dans son malheur, Nathan a de la chance. Au moment de l’accident, il avait une passagère, une vieille dame. Elle aussi s’en est sortie indemne. Mais Annie (c'est son nom) est une sorte de bonne fée. Il la conduisait à l’aéroport, elle retournait en Alaska, son pays natal qu’elle avait quitté 40 ans auparavant.

 

Annie la bonne fée 

 

Annie va faire à Nathan une proposition complètement folle et ce qui est encore plus fou, c'est qu’il va l’accepter ! Il va tout plaquer pour aller vivre avec les enfants dans la cabane d’Annie en Alaska. Pour Annie, faire grandir des enfants dans une ville est un crime, pour elle un enfant a besoin de nature. Et elle le sent bien cette petite famille ne va pas bien. Nathan a des absences qui ont failli lui coûter la vie et les enfants sont tellement absorbés par leurs écrans qu’ils ne savent plus regarder dans les yeux. Elle veut leur réapprendre à vivre.

 

À eux les grands espaces, la nature sauvage…

 

Sauf qu’Annie n’a pas remis les pieds en Alaska depuis 40 ans et en 40 ans le temps a passé. Si sa petite cabane l’attend toujours, les paysages, le climat et la vie de ses voisins et amis ont bien changé. L’Alaska qu’Annie a connu n’existe plus. Je n’irai pas plus loin, je vous laisse découvrir la suite de leurs aventures !

 

Cet album est à la fois ancré dans le réel et le quotidien le plus concret et porté par une poésie et un souffle inspiré de la culture amérindienne qui compte tant pour Annie. L’histoire est vraiment magnifique, vous allez ouvrir cet album et vous ne le lâcherez plus, d’autant plus qu’il est servi par un travail plastique extrêmement original. L’auteur, Jérémie Moreau, a un vrai style graphique où la trace de d’outil numérique est au service de la richesse d’un style très coloré, parfois flashy, qui renouvelle vraiment la ligne claire. Il y a des pages vraiment très belle avec un côté kaléidoscope, que ce soit pour montrer la ville, les paysages ou le ciel de l’Alaska.

 

Le pizzli, un ours étrange

 

Le pizzly est un mélange entre un ours polaire et un grizzly. Là-haut, ça fond alors les ours polaires descendent et rencontrent des grizzlys. Les pizzly, c’est donc le modèle de l’adaptation, de ceux qui sont déjà en train de se préparer au monde d'après, celui où la banquise disparaît et le permafrost fond. Et je ne vous étonnerai pas si je vous dis que parmi nos quatre héros ce sont les deux plus jeunes qui au jeu de l’adaptation s’en sortent le mieux ! 

 

Une couverture haute en couleur

 

Elle est belle, c’est fou comme c’est important la couverture d’une BD. Celle-ci, il faut même la toucher, les éditeurs ont choisi un cartonnage avec un toucher très doux qui fait penser à de la gomme. Mais surtout, il y a ces couleurs : une sorte de rose fuschia, qui évoque les aurores boréales qui animent le ciel de l’Alaska. Puis, comme en ombre chinoise il y a, dans le bas de l’image, une forêt qui se découpe et à travers le ciel. Nathan, son frère et sa sœur, volent tels Wendy et les enfants perdus dans "Peter Pan". "Les Pizzlys", c'est la belle histoire d’une jolie fratrie qui, pour affronter le monde de demain, doit d’abord se retrouver et renouer avec la terre mère, eux qui ont perdu leur maman.

 


"Les Pizzlys", de Jérémie Moreau, coll. Mirage, éd. Delcourt, 200 pages, 29€95 

 

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