Blue Bayou a été une des bonnes surprises au dernier festival de Cannes, dans la sélection Un Certain Regard. Certains connaissaient Justin Chon comme acteur dans la série Twilight. Blue Bayou est son troisième long métrage en tant que réalisateur.
Justin Chon porte son film de bout en bout puisqu’il en est à la fois le scénariste, le metteur en scène et l’acteur principal. L'histoire lui a été inspirée par la situation ubuesque d'enfants adoptés aux États-Unis :
- Il y a un vide juridique aux Etats-Unis qui fait que les enfants adoptés, devenus majeurs avant l’an 2000, sont considérés - par défaut - comme des étrangers. Or selon les lois très dures de l’immigration américaine, ils se retrouvent expulsables du pays pour un simple délit.
- Plutôt que d’en faire un film militant, Justin Chon a choisi le mélodrame. Et il nous en sert ici un grand et un vrai. Alors préparez vos mouchoirs (et petit conseil pratique : pensez aussi à emporter un masque de rechange !)
Blue Bayou, c'est l'histoire d'Antonio, un père de famille d'origine coréenne, qui à la suite d'une altercation avec la police, se retrouve menacé d'expulsion. Il a été adopté à l’âge de trois ans et a toujours vécu depuis en Louisiane. Il est marié aujourd’hui à son grand amour, Kathy, avec qui il va avoir un bébé. Ils élèvent déjà ensemble la première fille de Kathy, Jessie, que son père a abandonnée à la naissance. Et Antonio va alors tout faire pour préserver sa nouvelle famille.
Le film nous parle de la complexité des liens familiaux et de la question des origines, de manière très ancrée dans l’actualité puisqu’Antonio et Kathy vont être confrontés au racisme, aux violences policières, aux difficultés d’intégration dans cet Etat si particulier du sud de l’Amérique. Mais Antonio est épaulé par l’amour inconditionnel de sa femme. Elle est jouée par Alicia Vikander, qui est absolument magnifique.
C’est une actrice suédoise qu’on avait découvert aux côtés de Mads Mikkelsen dans Royal Affair que je vous recommande. Elle est ici bouleversante quand elle chante la chanson de Linda Ronstadt qui donne son titre au film. La Louisiane c’est aussi cette terre de bayous. Ces marais entre terre et mer, un peu hybrides et mystérieux. Ça donne de très belles scènes oniriques où Antonio y trouve refuge, et où il revit aussi le drame primitif de son enfance. Elles reviennent tout au long du film, entre rêve et réalité. C’est esthétiquement très beau.
C'est aussi le lieu d'une belle métaphore sur l'importance des racines. A travers les nénuphars, ces fleurs qui semblent flotter librement à la surface de l’eau, mais qui en réalité cachent un système profond et enchevêtré de rhizomes. Ils lui sont dévoilés par une amie vietnamienne qu’Antonio rencontre et qui l’aide à dépasser ses souffrances originelles jusqu’à une forme de renaissance. Le film est une ode à l’amour, à l’amitié et à la famille, un peu lacrymal mais ça fait du bien de temps en temps !
Le mercredi c'est le jour où sortent les nouveaux films au cinéma. C'est aussi le jour pour écouter, à 8h45, La Chronique cinéma de Valérie de Marnhac !
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