La tristesse, une émotion que chacun d'entre nous peut ressentir à un moment difficile. Pourquoi avons-nous encore du mal à l'accepter ? Comment la reconnaitre ? Décryptage avec Delphine Argenson, coach spécialisée en Intelligence émotionnelle.
Ma voisine vient de nous apprendre son cancer. Je ne vais plus lui demander comme elle va. Je vais éviter d’aborder le sujet pour ne pas la faire pleurer. Je n’ose plus aller la voir.
Nous nous sentons souvent mal à l’aise face à la tristesse des autres. Comment faire pour mieux vivre nos relations dans une telle situation. On aime partager ses joies ou ses peurs, mais il semble plus difficile d’avouer un sentiment de tristesse ou d'oser aborder des sujets douloureux sans la crainte de faire pleurer la personne concernée.
Dans notre société, pleurer est synonyme de faiblesse, c'est montrer notre vulnérabilité. Nous n’avons pas toujours envie de montrer cette part de nous-même, d’être jugé dans les difficultés que nous rencontrons. Nous vivons tous de la tristesse au quotidien, à cause d'une maladie, de certaines étapes douloureuses, telles qu'une séparation ou du stress au travail. Cette émotion est pourtant utile et permet de garder notre humanité.
L’écoute, l’empathie et la présence sont nos meilleures alliés. Il est nécessaire d'être à l'aise avec sa propre tristesse avant de rejoindre celle de l’autre. Cela demande d'abord de pouvoir prendre conscience de notre propre relation avec ce type d'émotions. La première question qui se pose alors est de savoir si nous avons été accueilli en tant qu'enfant lorsque nous ressentions de la tristesse. Si tel n'est pas le cas, se demander alors comment devais-je me comporter au sein de ma famille pour être aimé. Devais-je être gentille ou ne jamais montrer ma peine. La tristesse n'y avait peut-être pas de place.
Pour observer notre comportement, il est très intéressant d'étudier quels sont nos "drivers" : « sois parfait », « fait plaisir », « fais des efforts », « dépêche-toi » ou « soi fort ». Ces 5 drivers nous éloignent de notre ressenti, nous empêchent d’exprimer nos peines.
Si votre driver est « sois fort » par exemple : Pas de larme en cas de chute de vélo. Vous êtes remercié pour votre travail, vous trouvez cela normal. La découverte d’une maladie chronique vous fait dire "même pas mal". Avoir un comportement dicté par ce type de driver signifie que vous vous êtes construit une carapace et vous n’entendez plus votre tristesse.
Une fois votre driver identifié avec ses conséquences, vous allez plus facilement écouter votre émotion. Au début, discuter de vos difficultés vous fera pleurer. Vous réaliserez que cela vous apaise. Petit à petit vous vous reconnecterez à vous-même, vous identifierez quels sont vos besoins d’attention et de compassion et vous y répondrez. Cette prise de conscience vous amènera tout naturellement à développer votre sensibilité et votre empathie envers les autres.
Il est primordial de comprendre son propre fonctionnement, être à l'écoute de ses propres propres émotions pour pouvoir ensuite se mettre à l’écoute de celles des autres.
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