Un lieu peut-il constituer une source historique? La source est le point de départ du travail des historiens, et généralement il s'agit de documents. Pour François-Guillaume Lorrain, grand reporter, spécialiste des sujets d'histoire, le lieu, c'est-à-dire l'aire géographique délimitée, est susceptible de servir les historiens au même titre que le texte. "Je ne hiérarchise pas, il n'y a pas que la source écrite, que l'archive." A ce titre, son ouvrage "Ces lieux qui ont fait la France" (éd. Fayard) se veut militant. François-Guillaume Lorrain y revendique comme patrimoine le souvenir des survivants et la mémoire locale qu'entretiennent les habitants des lieux chargés d'histoire, comme on les appelle. "Revenons au récit et revenons aux lieux, qui, eux, restent."
C'est en 1557 qu'Olivier de Serres (1539-1619) acquiert les moulins du Pradel, dans la commune de Mirabel (Ardèche). Personnage relativement oublié aujourd'hui, l'agronome est pourtant celui à qui l'on doit la culture du mûrier et des vers à soie, "dont toutes les Cévennes ont vécu pendant deux siècles". A la fin du XVIè siècle, la France sort ruinée des Guerres de religions. "Il s'agit de reconstruire une économie nationale", explique François-Guillaume Lorrain. La ferme du Pradel sert de terrain d'expérimentation à Olivier de Serres, qui "repense l'agriculture de fond en comble".
"Ce qui vous attend à Varennes c'est la mémoire de la Première Guerre et une mémoire américaine." Pourtant, c'était le "vieux rêve" de François-Guillaume Lorrain: voir l'auberge où Louis XVI et Marie-Antoinette ont été arrêtés, le 22 juin 1791. Or, durant la Grande Guerre, le front était très près de la ville ; beaucoup de soldats américains sont morts en Argonne. D'où l'importance du mémorial. Et pourtant la fuite du roi est un événement important de l'histoire de France. Sans Varennes, Louis VXI n'aurait sans doute pas été guillotiné.
©Wikimédia commons - Château de la Punta, façade nord
Les pierres des Tuileries au beau milieu du maquis. Brûlé pendant la Commune, le château des Tuileries est resté une ruine au cœur de Paris dix années durant. La IIIè République n'a pas su que faire des "ruines les plus symboliques de l'histoire de France". Jusqu'à ce que l'on se décide à organiser une vente aux enchères pour se débarrasser de ces pierres encombrantes. Lors de cette vente, une grande famille corse achète la majeure partie des pièces, les Pozzo Di Borgo. Ils en feront une bâtisse, au-dessus d'Ajaccio.
©Wikimédia commons - Signature de l'armistice le 22 juin 1940
La vie du wagon de Rethondes résume l'histoire du siècle. En 1913, il emmenait les Parisiens à Deauville. Puis, vient le 11 novembre 1918: on élit le wagon-restaurant pour signer l'armistice. Et "pour réécrire et effacer la défaite de 1918, Hitler demande que l'armistice de 40 soit signé exactement au même endroit, au mètre près, dans la clairière de Rethondes et dans le wagon". Et après? "Le wagon va finir bête de somme" dans une usine est-allemande, jusqu'à sa destruction dans les années 70.
La célèbre affiche de campagne de François Mitterrand en 1981 avait pour slogan "La force tranquille". Et pour arrière-fond le vilage de Sermages, dans la Nièvre. Un village dont l'allure très française allait rassurer les Français, car à l'époque le futur président "faisait peur". Il était l'homme de l'union de la gauche, "la droite agitait les chars russes qui allaient débarquer à Paris". Avec cette affiche "un coup de génie", et ce village, Mitterrand, incarne la France.
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