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Changer de vie : sept personnes racontent leur transition professionnelle et écologique

Un article rédigé par Amaury Perrin - RCF, le 9 mai 2023 - Modifié le 17 juillet 2023
Je pense donc j'agisChanger de vie : sept personnes racontent leur transition professionnelle et écologique 2/2

Aujourd’hui, la volonté d’exercer une profession de sens et en phase avec la transition écologique et solidaire est grandissante. La crise sanitaire et les confinements ont d’ailleurs accéléré les choses. En conséquence, davantage de personnes ont ressenti un mal-être au travail et opéré un changement de carrière. Mais sauter dans le grand bain n’est pas évident et se fait au terme d’un long cheminement.

© Christina / Unsplash© Christina / Unsplash

En 2019, l’Institut Transitions a été créé afin de répondre aux besoins des personnes désireuses de changer de vie, de répondre à leurs questionnements et de les accompagner pour trouver leur place dans la transition écologique et solidaire. Notamment, la formation "nouvelles voies" de l’Institut mêle des cours, la rédaction d’un mémoire et l’implication dans des associations actrices de la transition. En effet, les revirements professionnels demandent généralement un accompagnement et se font après un long parcours. "Le temps est nécessaire à l’évolution professionnelle", indique Fanny Viry, co-fondatrice de l’Institut. Il n’est ainsi pas facile d’identifier clairement un objectif. "Il faut accepter le temps de flou, les choses se précisent en se mettant en mouvement".

 

Transition : sept personnes témoignent

 

  • Lucie Bonnet, mère de trois enfants et diplômée d’une école de commerce, a travaillé pendant plus de vingt ans à EDF. "Après une douzaine d’années, j’ai eu envie de changement au sein de l’entreprise déjà, où il y avait beaucoup à faire, et j’ai pu essayer différents postes. Mais le boost a été la question du changement climatique." Après avoir été animatrice de la Fresque du climat et avoir fait plusieurs bilans de compétences, Lucie a senti une dissonance entre son travail, ses envies et la vie qu’elle menait. Taraudée par une vieille envie de retour à la nature et d’exercer une activité en adéquation avec ses aspirations, celle-ci a découvert l’Institut, qui l’aide dans ses réflexions et à "être déformatée", selon elle.  

 

  • Antoine Champême a longtemps été comédien, tout comme sa femme. Après des années à peu se voir et un grave accident du travail, il a souhaité se réinventer. "Grâce à trois ans de réflexion, des rencontres et un héritage, j’ai pu découvrir le milieu de l’agriculture et ma femme et moi avons repris un laboratoire de yaourts." Le couple a ainsi monté un commerce de yaourts artisanaux biologiques dont les pots sont en verre et réutilisés. "C’est exactement ce qu’on avait imaginé, même si on travaille énormément et on manque un peu de temps." Cependant, Antoine est heureux de ce changement qui a du sens et qui répond à ses besoins de travailler dans le respect de l’environnement. 

 

  • Mallory Carlu-Jérémy est docteur en physique et a travaillé au CNRS quelques années avant de découvrir l’Institut Transitions et de sauter le pas. "C’était maintenant ou jamais", explique-t-il. Sa compagne et lui se sont posés des questions lors de l'épidémie de Covid-19 et ont ressenti le besoin de changer de travail. "Les seules hésitations étaient culturelles". Aujourd’hui, Mallory Carlu travaille sur plusieurs projets : participation à la création d’Ecologica, une école post-bac orientée vers la transition écologique et solidaire, animation de rencontres intergénérationnelles, développement d’un projet de médiation culturelle. Il souhaite conserver un lien entre la science, dont il vient, et la culture. 

 

  • Pauline Cuvex était éducatrice spécialisée en intérimaire parce qu’elle voulait être à l’écoute des gens et les aider, mais les difficultés du métier l'éloignaient de ce souhait premier. "C’est après une prise de conscience générale que j’ai  commencé la formation à l’Institut, sans avoir de réel projet." Désormais, elle s’oriente vers la transmission des savoir-faire et souhaite travailler sur tout ce qui touche à la construction, au jardinage et à l’accompagnement de personnes, le tout écologiquement. "J’ai appris qu’il fallait prendre le temps de vivre, de se découvrir et de faire les choses. L’important c’est de se faire confiance."

 

  • David Loftus, ingénieur en agriculture pendant des années, a été sensibilisé très tôt à l’écologie mais n’en a pas fait son métier. "J’ai eu plusieurs occasions de bifurquer mais je ne les ai pas saisies." Son déclic a été le trop-plein de travail et d’éco-anxiété. "L’absence de sens dans ce que je faisais et la sensation physique du réchauffement climatique nourrissaient mon éco-anxiété." Après quelques années de réflexion et à essayer d’autres emplois, il a rejoint l’Institut. Aujourd’hui, il travaille dans l'association Boîtes à Vélo qui vient en aide sur tout le territoire français aux sociétés dont l’activité dépend du vélo. Il n’a pas été évident pour lui de quitter un emploi et des acquis, "mais il ne faut pas oublier pourquoi on part et sa volonté de mettre son énergie dans une activité de sens". 

 

 

→ À LIRE : Comment gérer son éco-anxiété ?

 

 

  • Virgil Cormier est diplômé d’une école de commerce et a été commercial quelques temps, mais ne se sentait pas à sa place. Ayant frôlé le burn-out, il insiste sur le fait de s’écouter. "Je me suis arrêté au bon moment. Il est important de savoir sentir quand il y a un risque de basculement, c’est là qu’il faut se faire accompagner". Virgil s’est sensibilisé à l’écologie à ce moment-là et a débuté pendant le confinement une formation à distance avant de faire un autre travail. Mais n’ayant pas vu de grande différence, il a trouvé l’institut et construit enfin son projet. "J’ai envie de sens et de conditions de travail satisfaisantes", affirme-t-il avant d'insister : "Il faut s'entourer, c’est important pour avancer".  

 

  • Angélique Chabod a travaillé dix ans dans la paie et son déclic s’est fait en plusieurs étapes. Elle s'est intéressée à la réduction des déchets et a découvert une association qui l’a faite se questionner sur son utilité au travail et son engagement dans l’écologie au-delà du bénévolat. "J’avais un vrai besoin de me réorienter et trop de pression au travail". L’Institut Transitions était idéal pour l’accompagner dans ses questionnements. Elle est maintenant chargée de clientèle chez Elise Lyon et se sent bien et écoutée. "Il est important de prendre soin de soi, même au travail", conclut Angélique Chabod. 

 


Écoutez les deux parties de Je pense donc j'agis

 

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