Dans un an, Martin Robilliard et sa fiancée quitteront la ville pour s’installer en zone rurale. Et vivre l'écologie intégrale. Pour le jeune couple, ce retour à la terre n’est pas un retour en arrière. Ils veulent "inventer quelque chose de radicalement nouveau", ainsi que le Christ nous y invite.
Dans un an, Martin Robilliard et sa fiancée Amanda ont décidé de quitter la ville pour s’installer en zone rurale. Et "y lancer un projet de vie". Lui est un jeune architecte, elle déjà en reconversion professionnelle dans le maraîchage. "On a envie d’orienter notre vie au service de quelque chose de plus grand, en termes écologiques mais aussi économiques et sociaux - puisque c’est tout le principe de l’écologie intégrale, c’est-à-dire que ça touche tous les domaines de la vie."
Ils ont contacté l'association qui possède le monastère de Notre-Dame de La Chaux, dans la commune Cuisery, près de Tournus. Un ancien monastère dont les fondations datent du XIIe siècle et qui est aujourd'hui un lieu de pèlerinage marial. Le jeune couple a présenté son projet et s'est installé sur ce terrain de presque deux hectares, doté d'une chapelle récemment rénovée et d'un grand corps de bâtiment du XIXe siècle, d’environ 1300 mètres carrés. "Pas mal de travaux à faire, constate l'architecte, mais la structure est saine, la toiture et saine, ce n’est pas tout à fait habitable mais pas très loin !"
Martin et Amanda veulent vivre l'écologie intégrale. Un choix de vie radical, notamment inspiré par le texte d’Elena Lasida, une économiste et théologienne catholique, qui parle de "l’économie au service de la relation".
"La référence à la limite est centrale pour envisager un développement soutenable et pour penser ce qui génère la vie. Une approche positive de la limite est une manière de penser l’acte créateur. C’est souvent au moment où l’on est confronté à la limite, c’est-à-dire à la perte, à la rupture, à l’échec, au manque, que s’ouvrent de nouveaux possibles. Nos sociétés sont aujourd’hui confrontées à la limite écologique, économique et sociale. Ces limites sont vécues comme des contraintes.
Or, la contrainte peut provoquer à inventer d’autres modes de vie, c’est-à-dire d’autres modes de consommation, de production, de déplacement, d’habitation, qui prennent en compte la finitude des ressources mais qui ouvrent à une autre expérience d’infini. C’est la traversée de la limite qui ouvre au radicalement nouveau, qui déplace l’illimité du domaine de la matière à celui de la relation.
La limite permet de vivre une autre expérience de démesure. Éprouver cette démesure-là c’est ce que j’appelle faire une expérience de transcendance. Sentir qu’on est inscrit dans quelque chose de plus grand que soit, qui à la fois nous déplace et nous construit."
Propos d’Elena Lasida, recueillis par Nathalie Sarthou-Lajus dans "L'économie au service de la vie bonne", entretien publié dans la revue Études, janvier 2015
"Ce texte sur la limite exprime très bien ce que l’on a envie de vivre, explique Martin Robilliard, en réponse à des limites qu’il est nécessaire de considérer de manière extrêmement lucide, lui apporter une réponse d’invention." Pour le jeune couple, ce retour à la terre n’est pas un retour en arrière dans un passé idéal ou fantasmé. Ils veulent "inventer quelque chose de radicalement nouveau". "On pense que c’est aussi un devoir de chrétien de faire advenir cette nouveauté puisque à aucun moment le Christ n’est venu pour maintenir un ordre établi, il est venu pour faire advenir du nouveau dans le monde."
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