Un vrai coup de coeur. Le film "Olga" est le premier long métrage d’un jeune réalisateur lyonnais parti suivre ses études de cinéma à Lausanne et la maîtrise de sa mise en scène est très impressionnante. Surtout qu’il a choisi un univers certes cinégénique mais un peu austère, celui de l’entrainement sportif de haut niveau.
A la télévision, on connait ces images de gymnastes qui répètent leurs mouvements à l’infini. C’est souvent assez répétitif, voire très rébarbatif. Elie Grappe réussit à nous captiver de bout en bout en y ajoutant bien sûr un peu de fiction (il a co-écrit le scénario avec Raphaëlle Desplechin) mais surtout en renouvelant totalement la manière de filmer les athlètes, en se concentrant sur leur visage, leur souffle, leur chair, leurs émotions : ce qu’il appelle les "interstices" du sport
Ce sont toutes des vraies gymnastes, donc des actrices non-professionnelles, Olga est interprétée par Anastasia Budiashkina, elle a une présence très puissante et en même temps, une vulnérabilité assez touchante. Elle pratique les barres asymétriques et dans le film, son personnage Olga quitte l’Ukraine pour aller s’entrainer en Suisse, pays de naissance de son père décédé. Elle espère être qualifiée dans l’équipe nationale helvétique pour les prochains championnats d’Europe. Elle a à peine 15 ans, elle ne maîtrise pas bien le français, et va se heurter aux jalousies et aux rivalités entre toutes ces jeunes athlètes.
L’histoire se passe en 2014 pendant cette révolte populaire de la place de l’indépendance, à Kiev, qui a abouti à la chute du pouvoir pro-russe en place, et a fait plusieurs dizaines de morts. Olga est donc écartelée entre poursuivre sa carrière sportive ou rejoindre son pays, et sa mère, et participer à ce formidable élan de liberté national. Ce qui crée une tension permanente entre des scènes d’entrainement à la barre de plus en plus risqués, où Olga soumet son corps à une souffrance extrême. Alternées avec des scènes d’affrontements à Kiev qui sont des images d’archives réelles, provenant de téléphones portables de manifestants.
Avec sa meilleure amie restée dans l’équipe ukrainienne, elles retrouvent leur ancien entraineur passé côté russe ; ce qu’elles considèrent évidemment comme une trahison. Se pose alors pour elles la question de l’engagement. Comment choisir de soutenir leur pays, en restant fidèle à leurs talents ? C’est un très beau film qui aborde les thèmes de la patrie, de l’identité, de la relation mère-fille, et plus largement de la transmission.
Un film qui sort en salles aujourd'hui, et qui a reçu le prix de la SACD à la semaine de la critique du Festival de Cannes.
Le mercredi c'est le jour où sortent les nouveaux films au cinéma. C'est aussi le jour pour écouter, à 8h45, La Chronique cinéma de Valérie de Marnhac !
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