Le film évènement de la semaine, c'est Goliath, de Frédéric Tellier. Il s'agit d'un thriller écologique qui nous plonge au coeur de l'industrie des pesticides.
On avait l’habitude de voir les Américains dans ce genre cinématographique (Erin Brokovitch, Dark Waters sur le scandale du Teflon). C’est le 3ème long-métrage de Frederic Tellier. C’est un réalisateur très en prise avec les faits de société. Il a commencé avec "L’Affaire SK1", sur le tueur en série Guy George. Il a tourné au cœur d’une brigade de pompiers pour "Sauver ou périr". C’était déjà avec Pierre Niney dans le rôle principal.
Il revient avec un film choral sur une affaire de pesticides qui entrecroise le parcours de trois personnages : un avocat spécialiste en droit de l’environnement, joué par Gilles Lellouche, qui défend une famille de victimes. La femme d’un malade qui devient militante activiste pour soutenir son mari: c’est France jouée Emmanuelle Bercot. Et en face d’eux, un lobbyiste cynique, joué par Pierre Niney, très crédible, dans le rôle du jeune orateur brillant, grisé par son talent et par les jeux de pouvoir de ce métier.
Tous ces personnages sont inventés, de même que le nom du pesticide incriminé, le tétrazine. Pour Frédéric Tellier, c’est sa manière de contribuer au débat public, la plus libre et la plus percutante à la fois. Il se considère comme un artiste, mais tous les faits qu’il avance sont vrais ; c’est ce qu’annonce un carton introductif au début du film.
Il s’est beaucoup documenté sur le sujet, il a rencontré de nombreux experts de cet univers bizarrement appelé "phytosanitaire". Il prend le temps d’exposer la réalité des chiffres. Mais au final, c’est pour mieux dénoncer les dérives de ce secteur, et les limites de ce qu’il qualifie être un "système" où ce sont les plus fragiles qui souffrent.
Frédéric Tellier vient de la publicité. Il sait manier les images choc. Il y en beaucoup et c’est un peu l’écueil du film. Un peu trop de pathos à coups de soleils couchants et de contre-jours romantiques. C’est un peu artificiel par moments. Ça se veut aussi un film de procès, il s’ouvre par un gros plan sur une robe d’avocat posée sur le siège d’un train. Et Gilles Lellouche est excellent dans son rôle d’avocat, jusqu’au-boutiste, solitaire et courageux.
Mais on sait à quel point il est difficile de démontrer le lien direct entre l’exposition à un produit et une maladie. Et les plaidoiries manquent de fond.
La partie la plus réussie, c’est le côté des industriels, avec les moyens peu scrupuleux utilisés par leurs lobbyistes, la proximité culturelle entre les sphères politiques et économiques, l’argent comme moyen d’acheter le silence des victimes.
Un autre film sort aujourd'hui. Il s'agit de Petite nature, de Samuel Theis. C’est un film plus discret, très délicat, sur l’entrée dans l’adolescence d’un jeune garçon, Aliocha, à un moment de la vie où on se cherche. C’est un beau récit d’émancipation sociale et culturelle, grâce à l’arrivée d’un nouvel instit, qui ouvre à Aliocha toutes grandes les portes du savoir, de l’art et du monde. Le professeur des écoles est joué par Antoine Reinartz, un acteur formidable, qu’on avait vu dans "Roubaix une lumière" de Desplechin. Il tient ici le rôle subtil de l’adulte référent face au flot des émois affectifs d’un enfant. Le rôle de la mère est très beau aussi. Elle a une vie amoureuse instable, elle ne comprend pas grand-chose aux bouleversements de son fils mais on sent chez elle un amour pour ses enfants qui est viscéral et inconditionnel. C’est très émouvant !
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