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Histoire de la boisson en France

RCF,  - Modifié le 17 juillet 2023
En étudiant l’histoire de la boisson, c’est l’histoire de France que l’on approche. De la bière, du cidre, du vin, du lait ou de l’eau : "dis moi ce que tu bois, je te dirai qui tu es" !
éditions Belin - éditions Belin -

Eau, vin, bière, cidre, lait, apéritif, digestif, mais aussi boisson sucrées, boissons venues d'ailleurs. Ce que l'on boit dit quelque chose du contexte politique, religieux, économique et social où l'on se trouve. C'est en tout cas ce montre l'ouvrage passionnant de Matthieu Lecoutre, "Le goût de l'ivresse" (éd. Belin). "Les symboles qui sont associés à ces aliments m'intéressent particulièrement", confie l'historien qui a transposé à la boisson l'adage bien connu d'Anthelme Brillat-Savarin, "Dis-moi ce que tu manges, je te dirai ce que tu es."
 

Dans l'Antiquité circule cette idée que l'eau n'est pas un aliment, qu'elle ne nourrit ni ne renforce l'organisme

 

Le vin, et la puissance romaine

Pendant longtemps on a pensé que le vin était la boisson essentiellement consommée en Gaule. Certes "c'est une boisson fondamentale", les découvertes archéologiques montrent que les Gaulois, ainsi que toutes les populations celtes et germaniques, buvaient de la cervoise, l'ancêtre de la bière. Le vin a été "un agent de romanisation". Au fur et à mesure que la norme romaine, sur un plan politique et culturel, s'est imposée en Gaule, les vignes ont peu à peu redessiné le paysage. Le vin est devenu la boisson des élites et de l'aristocratie.
 

Le vin et la christianisation

Élément central de la liturgie, le vin est aussi une boisson largement diffusée par le biais des chrétiens. Les évêques n'ont eu de cesse de planter des vignes. Et les Francs ou les Burgondes sont devenus adeptes de la boisson à mesure qu'ils se sont christianisés.

 "Souvent on pense que, étant donné que l'Empire romain au IVè siècle est chrétien, la Gaule devient chrétienne... c'est complètement faux, il y a du polythéisme qui se maintient en profondeur." Ce sont les moines qui vont installer leurs monastères aux confins des territoires et au contact des paysans tenter de les convertir. "Chez les bénédictins on pense qu'ils avaient droit environ à un quart de litre de vin par jour."
 

L'eau, un peu trop naturelle

Dans l'Antiquité circule cette idée que l'eau n'est pas un aliment, qu'elle ne nourrit ni ne renforce l'organisme. Selon la théorie des humeurs, qui est le concept de base de toute la médecine occidentale jusqu'au XVIIIè siècle, la digestion est conçue comme "une cuisson qui déroule dans l'estomac". Pour les médecins, "boire une boisson froide comme l'eau va éteindre la cuisson et empêcher ou ralentir la digestion". Le vin en revanche, est considéré comme une boisson chaude, censée aider la digestion.

L'eau suscite aussi la méfiance, "elle peut être putride". Culturellement, l'eau "symbolise aussi la nature et non la culture". Comme l'explique l'historien, durant l'Antiquité on la perçoit comme "une boisson que l'on partage avec la faune et la flore, quelque part, ça rabaisse l'être humain de boire de l'eau".

 

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