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"Histoires Limousines" à ré-écouter

Un article rédigé par LAMBERT Alain - RCF Corrèze, le 9 octobre 2024 - Modifié le 9 octobre 2024
Histoires LimousinesPierre d'Aubusson - Le rempart de la Chrétienté

8 épisodes de l'émission Histoires Limousines sont disponibles en ré-écoute

Vous allez découvrir des personnages marquant de notre Histoire de France en relation avec le Limousin

St LéonardSt Léonard

Audouin Chauveron

né à Limoges vers 1340, prévôt de Paris et prévôt des marchands proche collaborateur de la couronne

Fils de Jehan Chauveron (Chouveyron en langue d’Oc), juriste et procureur de l’évêque de Limoges, Audouin va faire des études de droit à la célèbre université d’Orléans dont il deviendra docteur ès loi.

Il commença sa carrière administrative comme lieutenant du sénéchal anglais de Limoges, la cité et le château de Limoges ayant été attribués par le traité de Brétigny au duc d’Aquitaine, roi d’Angleterre. Après le rattachement du Limousin à la couronne de France, Audouin va servir le roi comme bailli du Cotentin avec comme mission principale de lutter contre Charles le Mauvais, vassal félon de Charles V et cheval de Troie des Anglais. Le roi satisfait de ses services nomme Audouin bailli d’Amiens pour au côté du duc de Bourgogne participer à l’arrêt de la grande chevauchée du duc de Buckingham débarqué à Calais. Enfin, Audouin Chauveron sera nommé en 1381, prévôt de Paris fonction éminente qu’il conservera pendant plus de 7 ans dans une période troublée de révolte fiscale des bourgeois de Paris 20 ans après celle dirigée par Étienne Marcel.

La carrière exemplaire d’Audouin Chauveron parti de Limoges pour devenir au fait de sa carrière prévôt de Paris et cumuler les fonctions du prévôt des marchands montre comment la royauté était capable de s’appuyer sur des talents dont l’origine était bien éloignée de la capitale du royaume.

Il est vrai que l’on peut imaginer qu’Audouin avait bénéficié dans sa jeunesse à Limoges d’une société hybride composée de nombreuses familles d’origines mixtes bourgeoises et nobles qui lui donna une grande ouverture d’esprit. Ce terreau permis à ses talents multiples de s’épanouir et d’être reconnus par Charles-le-Sage, un des plus grands rois qu’ait connu la France.

Martin Radot arpenteur de la baronnie de Pierrebuffière au service du marquis et de la marquise de Mirabeau à la fin de l’Ancien Régime 

Dix ans avant le début de la Révolution, le marquis de Mirabeau décide de faire intervenir un spécialiste du droit féodal pour mettre de l’ordre dans le terrier de la baronnie de Pierrebuffière détenue par son épouse, Marie-Geneviève de Vassan. Victor de Riqueti de Mirabeau est un personnage haut en couleur qui a eu une vie mouvementée digne de celle de son fils, le grand tribun de la Constituante. Il fut à l’origine avec le docteur Quesnay de la Physiocratie, théorie économique qui considère que l’homme doit s’insérer dans le subtil équilibre de la nature.

En décidant de s’intéresser à la gestion des biens de son épouse, le marquis de Mirabeau cherche à connaitre précisément ses droits mais aussi à mettre en pratique ses idées novatrices sur le plan économique. En liaison avec le présidial de Limoges il signe un contrat avec Martin Radot en tant que géomètre féodiste pour procéder au renouvellement du terrier de la baronnie de Pierrebuffière. Celui-ci mettra 6 ans à effectuer ce laborieux travail d’abord avec le marquis puis avec la marquise après leur séparation décidée en 1781 par le Parlement de Paris. 

À partir de 1783, Martin Radot commence à rédiger avec talent l’inventaire de la baronnie qui comporte 248 doubles-pages conservé aux archives départementales de la Haute-Vienne. A la fin de la Révolution, dans la continuité de son métier, il deviendra ingénieur vérificateur du cadastre du nouveau département de l’Allier où il s’était installé.

Mort de Richard Cœur de Lion à Châlus et la Grande Charte Anglaise (Carta Magna)

Issu des comtes d’Anjou, duc d’Aquitaine, duc de Normandie et roi d’Angleterre, à la tête d’un véritable empire, Richard fut un redoutable adversaire de Philippe Auguste. Sa mort accidentelle au siège de Châlus fut à l’origine de la fin de cet empire Plantagenêt. L’avènement de son frère, Jean sans Terre, personnage très médiocre permis au roi de France de saisir et s’approprier les principaux domaines continentaux du roi d’Angleterre et en particulier son fief ancestral du duché de Normandie dont une grande partie de la noblesse anglaise était issue. Beaucoup de ses membres possédaient des domaines de part et d’autre de la Manche et ce fut un déchirement de choisir son camp. Les échecs et la mauvaise conduite de Jean sans Terre entraîna la révolte des barons anglais soutenus par le clergé ainsi que beaucoup de communes. Le roi fut contraint de signer la Carta Magna qui en limitant ses pouvoirs au profit des barons et des bourgeois fut à l’origine de la démocratie parlementaire britannique.

Vie du grand Saint Éloi et fondation de l’abbaye de Solignac sous le roi Dagobert

Grâce à la vie du grand saint écrite par son ami Ouen, la fameuse Vita Eligii, document du VIIe siècle, nous bénéficions de renseignements exceptionnels sur l’organisation de la cour mérovingienne et bien sûr de la vie d’Éloi et de la fondation du monastère de Solignac. Nous disposons aussi de plusieurs transcriptions de la charte de cession de 638 du domaine de Solignac par Éloi à la communauté religieuse qui confirment l’authenticité de la biographie du saint.

Né à Chaptelat au nord de Limoges en Aquitaine, Éloi est issu d’une famille libre imprégnée de tradition gallo-romaine. Ses talents multiples lui permirent de passer d’un atelier d’orfèvre-numismate de Limoges à celui des rois mérovingiens. Très vite le jeune Aquitain va réussir à s’intégrer aux jeunes princes francs de la cour et devenir grâce à son honnêteté et sa sainteté un proche collaborateur du roi. D’orfèvre et numismate de la couronne, il deviendra le principal ministre de Dagobert. C’est ainsi que le roi renoncera à une importante villa agricole domaniale pour permettre à Éloi d’y fonder l’abbaye de Solignac. Au-delà de permettre aux moines de construire une échelle pour relier au ciel le monarque et son conseiller, l’abbaye avait un grand rôle social permettant d’intégrer les centaines de captifs et d’esclave libérés par Éloi avec l’aide du souverain.

Solignac servit de modèle à la fondation de beaucoup d’autres abbayes dans le royaume mérovingien.

Gabriel Nicolas de La Reynie,

né à Limoges en 1625. Proche collaborateur de Louis XIV, il fut le premier lieutenant général de police de la ville de Paris, charge qu’il conserva avec brio pendant 30 ans. Il est considéré comme le père de la police moderne.

Il était le dernier enfant de Jean Nicolas, seigneur de Traslage, conseiller du roi au présidial de Limoges, et d’Antoinette Faure des Moneyroux, sa 1ère épouse. Gabriel ajouta à son nom patronymique Nicolas, celui de La Reynie, arrière fief dont il avait hérité. Il acquit en 1646 l’office de président au siège présidial de Bordeaux. Pendant les troubles de la Fronde (1648-1653), il resta fidèle au roi. Cela lui valut l’estime du duc d’Epernon, gouverneur de Guyenne, qui le recommanda à Mazarin. En 1661, il acquit l’offices de maître des requêtes ordinaire de l’hôtel du roi, qui faisait de lui un proche collaborateur du garde des Sceaux.

A cette époque, la ville de Paris était devenue un repaire de brigands, situation que les officiers chargés de la sécurité ne parvenaient pas à juguler. En 1667, Louis XIV créa un office unique de lieutenant général de police de la ville et vicomté de Paris, qu’il confia à La Reynie. Cet office était chargé de la sûreté générale de la ville, mais contrôlait aussi l’édition, les bonnes mœurs, les corporations, la voirie, les approvisionnements, etc.

La Reynie devenu un homme de confiance du roi fit un excellent travail : il fut l’inventeur de la police moderne. Il s’attacha à démanteler la fameuse « Cour des Miracles », véritable bastion qui alimentait la ville en assassins, voleurs, faux mendiants et autres malfrats qui en faisaient un vrai coupe-gorge.

L’affaire de la marquise de Brinvilliers, empoisonneuse de ses proches, révéla qu’il existait à Paris de nombreuses officines qui faisaient commerce de poisons et vendaient des « messes noires », dont les « services » étaient utilisés par de nombreuses personnes de tous les milieux sociaux et dont la plus célèbre était celle de « La Voisin ». La Reynie rendait compte directement au roi de l’avancée de ces sinistres dossiers. En 1680, Louis XIV le récompensa en le nommant conseiller d’Etat, tout en lui maintenant son office de lieutenant général de police qu’il exerça jusqu’en 1697 soit pendant 30 ans. Il mourut à Paris le 14 juin 1709 mais n’avait pas oublié le Limousin : il acheta en effet d’importantes seigneuries en Bas-Limousin en 1692 et, en 1705, le marquisat de Vicq, terre dont dépendait la seigneurie de Traslage dont il avait hérité en 1698.

Jean-Baptiste Mignon, grand industriel

Né à Limoges le 25 juillet 1824 était très probablement le fils naturel de Louis Mignon et d’une domestique, Marie Jorby. Louis Mignon fut d’un grand soutien pour le jeune Jean-Baptiste qu’il adopta d’ailleurs en 1850 en lui donnant son nom.

Élève de talent, il fut admis en 1840 à l’école des Arts et Métiers d’Angers. À sa sortie, il entra à la compagnie des chemins de fer du Nord puis se lança dans la création d’entreprises liées aux constructions métalliques. C’est ainsi qu’il acheta en 1852 l’entreprise Kaulek, atelier de serrurerie industrielle situé rue de Ménilmontant à Paris qu’il développa avec talent. Quelques années plus tard, il s’associe à Henri Rouart, brillant polytechnicien, et leur entreprise « Mignon et Rouart » prit alors une grande dimension.

Cette entreprise déposa entre 1860 et 1880 une centaine de brevets les plus divers. En 1865 les associés délocalisèrent leur usine à Montluçon (Allier) qui employait plus de 600 ouvriers en 1870.

Après avoir vendu ses parts à son associé, il acheta en 1872 la fonderie d’art du Val-d’Osne en Haute-Marne spécialisée dans la fabrication de mobilier urbain en fonte moulée dont les fameuses fontaines Wallace. Il dirigea jusqu’en 1893 cette société devenue grâce à lui la plus importante fonderie d’art de France par la quantité et la qualité de sa production reconnue par sa participation à de nombreuses expositions universelles à Paris et à l’étranger. Cette fonderie restera dans sa descendance jusqu’en 1931 et disparut en 1986.

Jean-Baptiste Mignon mourut à Paris le 21 janvier 1894 laissant une fille unique, Marie-Louis Mignon (1858-1931), mariée en 1878 à Edouard Desmonts, notaire à Paris.

Jean-Baptiste Mignon n’oublia pas son Limousin. En 1858, il acquit le domaine du Sirieix (en Saint-Laurent-les-Eglises, Hte-Vienne) avec 208 ha de terres et un petit château appelé Valmatte qu’il fit reconstruire en brique et pierre de style néo-Louis XIII qu’il ne cessa d’augmenter et d’embellir jusqu’à sa mort, entouré d’un parc de 18 ha qu’il constella de statues décoratives venant du Val-d’Osne. Il y construisit une étonnante ferme modèle, immense cour entourée de bâtiments de 100m sur 100m, le tout couvert d’une énorme toiture sur charpente métallique. Il avait aussi acheté de nombreux tableaux pour décorer son château. Valmatte fut vendu par les descendants de Madame Desmonts en 1962. Après une longue période d’abandon et de pillage, il fut acheté en 1994 par la famille Duchambon qui a entrepris sa restauration et l’a ouvert au public.

Pierre d’Aubusson (1423-1503), rempart de la Chrétienté

Issu d’un vieux lignage de la Marche limousine, Pierre d’Aubusson entra très jeune dans l’ordre des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem qui joua un rôle de milice hospitalière et armée au service du royaume franc de Jérusalem.

Après la chute définitive de la Terre sainte en 1291 à Saint-Jean d’Acre, les Chevaliers se réfugièrent chez les Lusignan à Chypre puis décidèrent de conquérir un archipel du Dodécanèse dont l’île principale était Rhodes.

Pierre d’Aubusson, grâce à d’éminentes qualités, fut très vite employé à des tâches multiples auprès des grands maîtres de l’ordre. Il passa l’essentiel de sa longue vie à Rhodes jusqu’à sa mort en 1503 à 80 ans à la tête des Hospitaliers depuis 27 ans. Il comprit très vite que le danger principal venait des Turcs qui s’unifiant autour du grand sultan Mehmet II, celui-là même qui prit Constantinople en 1453, ne pouvaient supporter la présence des Hospitaliers au cœur de leur empire.

Pour compenser la grande infériorité numérique de ces « messieurs de la Religion » comme les chevaliers aimaient se faire appeler, Pierre d’Aubusson comprit très vite qu’il fallait adapter les vieilles fortifications de Rhodes aux immenses progrès de l’artillerie que les Ottomans maîtrisaient de plus en plus. Il obtint à plusieurs reprises des subsides des rois de France pour conforter la défense de l’archipel. Grâce à des travaux considérables, les Hospitaliers firent échouer le grand siège de 1480 entrepris par les Turcs où le grand maître, âgé de 57 ans eut une attitude héroïque. La réputation des Chevaliers ayant atteint un sommet, un des fils de Mehmet II, Djem, qui avait échoué à prendre le pouvoir à la mort de son père alla se réfugier à Rhodes pour échapper à la mort certaine que son frère aîné devenu sultan sous le nom de Bajazet voulait lui donner.

Le prince ottoman, devenu très vite otage des chevaliers, passa 4 ans reclus en Haute-Marche limousine dont une partie à Bourganeuf, siège du grand prieur de la langue d’Auvergne. Pour l’accueillir dignement les chevaliers firent construire une grosse tour appelée encore aujourd’hui de son nom déformé de Zizim.

Mais après de longues négociations, il fut livré au pape puis au roi de France Charles VIII lancé dans sa folle conquête du royaume de Naples.

Pierre d’Aubusson devenu cardinal continua de préparer l’Ordre à de nouveaux assauts turcs qui finirent par réussir près de 20 après sa mort. Les chevaliers durent fuir pour s’installer plus à l’ouest à Malte, mais c’est une autre histoire.

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