La météo a été pluvieuse, voire catastrophique cette semaine. Plusieurs communes ont même connu des inondations. Jean Pruvost revient sur l'histoire de ce mot, dont l'utilisation est souvent peu souhaitable.
La semaine dernière 6 départements étaient en alerte rouge en fonction des précipitations intenses, et 34 en alerte orange… Dans les Cévennes, en quelques heures, est parfois tombé l’équivalent de trois mois de pluie. Il s’en est suivi des inondations de quartiers entiers le long des cours d’eau, un peu partout. Et cette semaine, pour des milliers de personnes, se poursuivent dans de nombreuses maisons inondées les travaux de nettoyage, avec la hantise de nouvelles pluies.
Hier encore à Palaiseau ou j’habite, l’Yvette étant largement sortie de son lit, il fallait toujours aider les riverains et il y avait un bel effort collectif mis en place avec la mairie entre voisins non inondés et voisins dont la voiture avait disparu sous l’eau dans leur garage, pendant que la rivière dévastait inexorablement le rez-de-chaussée. C’est, je dois le dire, terrible à voir. Alors d’où vient ce mot dévastateur, l’inondation ?
Le mot "inondation" vient du latin mais contre toute attente, on en atteste seulement qu’en 1275 en français, en partant du latin « inundatio ». Mais si le mot français issu du latin n’est pas très ancien, l’expression « remonter au déluge » signifie à elle seule que ce phénomène relève de la nuit des temps, on le retrouve dans la mythologie grecque et bien sûr dans la Bible. Dans la mythologie grecque, ce fut Zeus qui déclencha cette catastrophe qui eut pour seuls survivants Deucalion et son épouse Pyrrha, qui repeuplèrent le monde en jetant des pierres qui se transformèrent en hommes et femmes. Quant à ce qui fut longtemps appelé la « grande inondation », il s’agit du « déluge » évoqué dans la Bible.
Le mot "déluge" vient aussi du latin, « diluvium », qui signifiait tout simplement « inondation », mais qui en latin chrétien a pris le sens biblique avec l’arche de Noé. De fait, dans la première moitié du XII e siècle, on évoquait en français la « diluvie », en tant qu’inondation du monde avant que le mot ne soit phonétiquement déformé au XIII e siècle en « déluge ». S’agissant du mot « inondation », il faut en fait penser au latin « unda », l’eau, qu’on retrouve bien sûr dans le mot « onde », devenu poétique. Le latin « unda » précédé du préfixe « in- », dans, avait donné en latin le verbe « in-undare », « inonder ». Quant aux catastrophes correspondant aux inondations hélas elles sont nombreuses au cours de l’histoire. Par exemple, en 583, 821, 826, 1196, et suivent en vérité plus de soixante dates avant d’arriver à 1910, l’inondation de Paris.
RCF-Notre-Dame sont de très bonnes ondes. Au reste, relevons une facétie de la langue française avec le fait que dans le mot « inondé » se retrouve l’anagramme « ondine », qui désigne comme on le sait le « génie des eaux » dans la mythologie germanique ou scandinave. On oublie d’ailleurs qu’il y eut aussi les « ondins », mais le masculin est rare, l’eau entraîne traditionnellement beaucoup de mots au féminin… Il y a une autre inondation acceptable, c’est celle des journaux dans les gares, avec leurs mots croisés. Avec notamment cette définition de l’inondation rencontrée il y a peu : « Super flux » en deux mots avec « flux » f l u x. Alors, non au super-flux des eaux mais oui au flux des mots, « super » si possible. Et j’invente un mot que je voudrais voir s’appliquer tout de suite : la « désinondation».
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