Jean-Claude Guillebaud connaît le monde et le décrypte sans filtre au micro de Thierry Lyonnet. Dans son nouveau livre, il fait l'éloge de la douceur, plus puissante que la force.
Alors qu'il a parcouru le monde et scruté ses mutations, le journaliste et essayiste Jean-Claude Guillebaud souhaite, avec son nouveau livre, nous faire "Entrer dans la douceur". C'est le titre de son dernier ouvrage publié aux éditions de l'Iconoclaste.
En pleine pandémie et perte de repères, cette injonction prend tout son sens. Ce retour à la douceur n'est pas mièvre, bien au contraire. Jean-Claude Guillebaud n'aime pas qu'on le dise optimiste, il préfère à cela l'espérance, la recherche de vérité, à l'heure où nous avons parfois l'impression que le monde, et nous avec, perdons pied.
Pour le grand reporter le confinement a été l'occasion d'un retour à l'essentiel. Il a eu "le privilège", comme il le précise, de le passer dans la maison de son enfance, accompagné de ceux qu'ils aiment. Ami d'Edgar Morin, il le cite : "les gens donnent toujours la préférence sur l'urgence, plutôt que sur l'essentiel, ils n'ont pas compris une chose c'est l'urgence de l'essentiel."
Jean-Claude Guillebaud ajoute que la situation que nous vivons est loin d'être inédite, il prend l'exemple de la lèpre. Mais la pandémie actuelle montre à quel point "la démocratie est fragile, à quelle point la liberté c'est fragile" comme l'a montrée la situation récente aux États-Unis. "Dire ça, ça n'est pas être pessimiste, c'est savoir simplement que ça peut se passer et ça devrait nous rendre plus prudents" ajoute-t-il.
Les gens donnent toujours la préférence sur l'urgence, plutôt que sur l'essentiel, ils n'ont pas compris une chose c'est l'urgence de l'essentiel
"Plus que jamais, je portais en moi ce désir de faire prévaloir la douceur plutôt que la compétition et d'un coup je voulais dire sans tricher ma détestation du cynisme". C'est avec ces mots forts que Jean-Claude Guillebaud introduit son nouvel ouvrage "Entrer dans la douceur".
Cette intention vient d'une découverte, faite par l'auteur sur Darwin, que l'on croit souvent faire l'éloge du plus fort, ce qui est une fausse idée pour Jean-Claude Guillebaud. "Darwin voulait dire : l'évolution a permis, a fini par nous donner, à nous, la capacité l'audace et l'espérance pour résister aux logiques de l'évolution". D'autres auteurs après Darwin, démontrerons également que la coopération et l'entraide nous permettent de nous construire, bien plus que la force.
Partout où croît le péril, croît aussi ce qui sauve
Jean-Claude Guillebaud nous met tout de suite en garde : la douceur dont il parle n'est pas seulement gentille et naïve. Mais, quoiqu'il advienne "la douceur est plus puissante que la force", il donne l'exemple de l'histoire du christianisme. "Souvent les gens qui ont fait un procès au christianisme, lui font toujours le procès des croisades ...etc mais ils oublient de dire que ce qui a été le plus dangereux pour eux, dans le christianisme, c'est sa douceur !".
Jean-Claude Guillebaud n'aime pas le mot optimiste, comme Bernanos. Ce qu'il cherche lui c'est montrer qu'il y a toujours des chemins vers l'espérance mais pas n'importe laquelle, "car l'optimisme c'est l'espérance des imbéciles".
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