La Nativité est l'un des thèmes les plus représentés en peinture. Les différentes œuvres témoignent d'une approche théologique et spirituelle, qui aide à entrer dans le mystère de l'incarnation. Elles montrent aussi que "les peintres ont eu une grande liberté de regard", d'une époque à l'autre et d'une ère culturelle à l'autre. Pour Paule Amblard, cette grande liberté d'interprétation est le fait du style très "lapidaire" des Évangiles. "Il va falloir s'infiltrer dans le silence des Évangiles."
Au Moyen Âge, et jusqu'à la Renaissance, l'art sacré n'est pas tant l'expression de l'avis personnel de l'artiste qu'un enseignement. "L'art au Moyen Âge, c'est un médicament, un support qui soigne celui qui contemple, et va soigner son âme, évidemment." Quel que soit le positionnement des peintres à titre personnel vis-à-vis du mystère chrétien, il y a quand même une dimension qui les dépasse.on ne fait pas pune peinture personnelle.
Ainsi s'agit-il de donner à voir cette naissance "et, plus symboliquement, de voir comment la lumière de l'enfant divin peut naître aussi en nous". Ces peintures nous font évoluer, elles sont faites pour nous projeter dans "quelque chose de transcendental". Ce pourquoi, selon l'historienne de l'art, "les Nativités sont des œuvres qui nous parlent à chaque époque".
La Nativité est l'un des thèmes les plus anciens de l'art chrétien. La représentation la plus ancienne est celle que l'on a trouvé dans la catacombe de Priscille, à Rome. Elle représente femme allaitant son enfant, rien ne dit qu'il s'agit d'une Nativité si ce n'est une étoile au-dessus de la femme et et son enfant. Et un homme qui la désigne, "probablement une figure de prophète", explique Paule Amblard, pour qui il s'agit d'"une peinture extrêmement vivante". Très simple mais riche en symbole - notons qu'au IIè siècle ap. J.-C., les chrétiens devaient encore se cacher.
La Nativité de la catacombe de Priscille représente un enfant tourné vers sa mère mais le regard orienté vers celui observe la fresque. Peu à peu cette façon de représenter l'enfant va évoluer au fil des siècles. Ainsi les Nativités des icônes de Novgorod du XVè siècle, par exemple, représentent un enfant offert au monde. Une symbolique héritée des représentations inscrites sur des fioles d'huile sainte que, dès le IVè siècle, les pèlerins revenus de Terre sainte emportaient avec eux.
"Ce qui marque le regard c'est le centre de l'icône, pour Paule Amblard, car c'est Marie qui est étendue sur un drap rouge et au lieu d'être tournée vers son enfant, elle est tournée vers trois hommes." C'est le symbole que Marie offre son enfant au monde. "C'est elle qui nous fait entrer dans le mystère."
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !