Le cadre prestigieux du château de Chantilly accueille une exposition consacrée à la reine Louise d'Orléans, épouse de Léopold Ier, roi des Belges. Une collection dont les oeuvres n'ont pas été exposées au public jusqu'à ce jour. Mathieu Deldicque, directeur du musée du château et commissaire de l'exposition, nous la présente.
C'est une exposition qui nous fera découvrir ou redécouvrir la figure de la première reine des Belges, née Louise d'Orléans, seconde épouse de Léopold Ier. Son union avec le premier roi des Belges noua une amitié franco-belge qu'on a pu observer lors de la visite d'État en France de Philippe et Mathilde de Belgique en octobre 2024.
“Louise d'Orléans, première reine des Belges, un destin romantique”, une exposition à voir au château de Chantilly jusqu’en février 2025 ou bien à Namur dès le mois de mars au musée des Arts Anciens. Mathieu Deldicque, le directeur du musée du château et commissaire, nous parle de l’exposition.
Évoquons d'abord le cadre exceptionnel du château de Chantilly, qui rappelons-le, est lié de façon intime à la famille de Louise d'Orléans. Le château de Chantilly, c'est un édifice situé à une quarantaine de kilomètres au nord de Paris, et abritant la deuxième collection la plus importante pour l'art ancien en France, après le Musée du Louvre. Cette collection - et ce château d'ailleurs - ont été rebâtis et réunis par un homme au XIXe siècle : Henri d'Orléans, duc d'Aumale, fils du roi Louis-Philippe, et frère de la première reine des Belges, nous raconte Mathieu Deldicque.
M. D. : Pour l’exposition, nous avons réuni tous les objets que nous avions à disposition (allant du grand tableau jusqu'à la sculpture) en passant par les bijoux, les dessins, les gravures et les souvenirs en tous genres. Le but étant de découvrir l'intimité d'une reine méconnue mais tout à fait intéressante. On a essayé de retracer la vie, le rôle et la carrière de cette reine.
La plupart des œuvres que nous présentons n'a jamais été montrée au public ! D’ailleurs, beaucoup d'objets inédits proviennent des palais royaux en Belgique, dans des collections privées ou dans les archives du palais royal. Ces objets et ces œuvres sont exposés de façon exceptionnelle.
La plupart des œuvres que nous présentons n'a jamais été dévoilée au public !
M.D. : Replaçons-nous dans le contexte de l'époque. En 1830, il y a une nouvelle dynastie en France. Le roi Louis-Philippe monte sous le trône et la famille d'Orléans devient la famille régnante dans le régime qu'on appelle “la monarchie de Juillet”, issue de la révolution en juillet 1830. Quant à la Belgique, un nouveau royaume est créé avec pour roi Léopold Ier de Saxe-Cobourg, d’origine allemande. Les deux nouvelles dynasties vont s'allier. Ces deux dynasties comprirent rapidement qu'en s'alliant, elles allaient pouvoir solidifier leur appui et in fine se légitimer dans une Europe bouleversée face à différentes puissances. Et donc c'est un mariage politique, un mariage de raison, qui se transformera peu à peu en amitié amoureuse.
Quand Léopold et Louis se marient, ils s'établissent à Bruxelles, au Palais Royal, au Palais de Laeken. Mais ces palais devant être remeublés, une nouvelle vie de cour dut être créée, il fallait une nouvelle étiquette. On est bien loin des fastes parisiens de l'époque ! Le roi Louis-Philippe, d'ailleurs, va jouer un grand rôle dans l'établissement progressif d'une vraie vie de cour.
M.D. : Cette nouvelle famille qui monte sur le trône de France est moderne et se met en scène. Du côté de l’éducation, elle est au centre de leur politique. Il faut que les princes et les princesses soient éduqués à monter sur des trônes – ou à avoir des rangs très importants dans les différents régimes européens. La jeune Louise a été très bien éduquée aux langues étrangères, aux mathématiques, à l'histoire et aux différentes pratiques artistiques. Donc, en quelque sorte, elle s’est préparée à être reine.
Il faut dire qu'en Belgique, à moins d’être un connaisseur de l’histoire de la famille royale, la première reine des Belges a tendance à passer un peu inaperçue. On connaît mieux sa descendance, les princes Léopold II, Philippe (père d’Albert Ier) et Charlotte, qui deviendra impératrice du Mexique.
M.D. : Il est vrai que la reine Louise était assez méconnue en Belgique et tout à fait en France. Lorsqu'on la connaissait, c’était surtout pour son caractère triste et déchiré d’avoir quitté sa famille après son mariage En approfondissant un peu, en parcourant les archives, les 30.000 lettres qu'elle a pu écrire à sa mère, en trouvant aussi ses albums de dessins qu'elle avait collectionné patiemment, on a vu que finalement elle avait un rôle politique et diplomatique de premier ordre. C'est elle qui servait finalement de cheville ouvrière dans les relations entre l'Angleterre, la France, la Belgique et puis surtout aussi qu'elle était très éduquée aux arts comme l’étaient d’ailleurs ses frères et sœurs.
Ses siens lui manquent, c'est la raison qui la pousse à écrire plusieurs heures par jour (deux, trois quatre heures) de nombreuses lettres, sans cesse. Ces documents sont un matériau très précieux pour permet entrer dans la compréhension de son quotidien. Par ce moyen, elle a fait passer les messages politiques de son mari.
M.D. : Au départ, elle avait peur de ce petit pays, elle ne connaissait pas ce roi beaucoup plus âgé qu'elle. Et petit à petit, elle s'est faite au pays, elle s'est faite surtout au genre. Elle a beaucoup aimé la population belge, et celle-ci le lui a bien rendu. Elle fut surnommée la reine bien aimée. Cependant, elle trouvait le pays moins plaisant et petit. Elle ne retrouvait pas les grands espaces qu'elle avait pu apprécier au cours de ses différents voyages. Qu’à cela ne tienne, on peut vraiment dire qu'il y a une véritable adoption mutuelle entre la reine et son pays.
M.D. : Il y a les grands portraits de famille, on retrouve aussi le mobilier du Palais Royal de Bruxelles ; mais ce sont peut-être les objets les plus intimes qui me touchent le plus, notamment deux bracelets que nous avons acquis il y a quelques mois et ayant appartenu à la reine Louise. Il s’agit de bracelets intimes, ce qu'on appelle des “bijoux de sentiments”. Pour l’un c'est un bracelet avec des petits cœurs, et dans chacun se trouve une mèche de cheveux de ses frères et sœurs qui lui permettait ainsi d'avoir ses êtres chers autour du poignet. Et pour l'autre, on peut voir de petits médaillons protégeant quelques miniatures. Dans chaque miniature, il y a l'œil d'un de ses proches, donc ses enfants, ses parents, son mari ou la reine Victoria. Cette reine est à la croisée de plusieurs familles, de tout un continent monarchique !
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