La verrerie liégeoise et sa remarquable expansion au XVIIe siècle intimement liée à la famille Bonhomme, qui va imposer sa production jusque dans les Pays-Bas espagnols et les Provinces-Unies, tant pour la verrerie commune que pour la verrerie de luxe.
Dès la seconde moitié du XVIe siècle, les princes-évêques de Liège tentèrent d’établir des verreries dans leur principauté en faisant venir des ouvriers italiens afin de concurrencer les verreries anversoises.
C’est seulement dans les années 1620 que Liège va s’affirmer dans le domaine de la verrerie, avec la concurrence entre les entrepreneurs Libon et Ruyson, d’un côté, et l’avocat Marius, de l’autre. Leurs verreries sont toutes deux situées au rivage d’Avroy. Celles-ci tomberont bientôt dans l’escarcelle de la famille Bonhomme, qui va dominer le paysage principautaire, et bien au-delà, que ce soit pour le verre commun ou pour le verre de luxe, à la façon de Venise.
Les Bonhomme vont racheter des verreries à Bois-le-Duc, à Maestricht, à Bruxelles, etc., mais la plupart d’entre elles seront fermées, l’objectif étant de donner le monopole aux verreries de Liège. Ce sont les deux fils de Jean Bonhomme, Henri et Léonard, associés à leurs épouses, deux sœurs de la famille de Glen, qui domineront le marché. Mais les dissensions entre les deux frères conduiront bientôt à deux entreprises différentes qui connaîtront chacune un essor particulier. Un troisième frère, chanoine de Sainte-Croix à Liège, s’impliquera également fortement dans ce déploiement.
Pour le verre commun, ce sont surtout des ouvriers provenant d’Altare, en Ligurie, qui seront à la manœuvre, tandis que les verres de luxe sont confiés aux muranistes, des ouvriers spécialisés venus de Venise. Les Bonhomme auront quasiment le monopole de la verrerie de luxe dans les Pays-Bas et la principauté de Liège, mais il est difficile de se prononcer sur le lieu de production exact de cette verrerie de luxe. Sa qualité est souvent telle qu’il est même difficile de la distinguer de la verrerie proprement vénitienne. Certaines pièces telles que les verres à serpents ou les verres à double bouton semblent toutefois relever d’une spécialité liégeoise.
Dans le courant du siècle vont aussi se développer diverses techniques de gravure sur verre avec des ouvriers extérieurs, souvent formés à Nuremberg, qui travaillent en sous-traitance. Les gravures d’armoiries de notables liégeois permettent de relier certains verres à la production locale.
Dès la fin du siècle, les gestionnaires des verreries Bonhomme s’intéresseront davantage à la politique qu’à leurs affaires, certains deviendront même bourgmestres de Liège. Leurs entreprises vont peu à peu péricliter et elles ne réaliseront plus guère que du verre commun. Dès le début du XVIII e siècle, ce sont les verreries de la famille Nizet qui tiendront désormais le haut du pavé à Liège, spécialement en matière de verrerie de luxe.
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