Marseille
Du paléolithique à la période contemporaine, les hommes ont toujours exprimé une forme d'art, qui est même le propre de l'homme. Dans certaines situations, l'art peut aider à libérer des sentiments, tensions ou pulsions qu'on croyait enfouis, endormis. Chez les personnes en fin de vie, l'art permet parfois de révéler cette étincelle de vie qu'on pouvait croire éteinte, de réveiller cette soif et cette faim de vie.
"L'art est un révélateur, il va révéler la vie", explique Marie-Camille Chambounaud, art-thérapeute à la clinique Sainte-Elisabeth spécialisée dans les soins palliatifs et l'accueil de patients polyhandicapés à Marseille. "C'est une porte d'entrée de l'âme qui permet de laisser jaillir ce qu'il y a à l'intérieur", poursuit la professionnelle.
Sur les indications d’une des psychologues de l'établissement, Marie-Camille entre dans la chambre des patients en fin de vie avec son tablier de peintre et son chariot rempli de peintures, crayons et pastels. "C'est à la jonction entre le monde extérieur et celui du soin : cela apporte de la légèreté dans un quotidien lourd et médicalisé", précise l'artiste.
L'art thérapie peut se décliner en plusieurs modalités : le patient peut tout d'abord contempler une oeuvre d'art que lui propose Marie-Camille. "Le but, c'est que la personne ressente une émotion esthétique : c'est un moment où tout est en harmonie, où on ne se pose plus de questions, où il n'y a plus rien à dire et où on arrive à retrouver du sens", expose-t-elle.
Si le patient le peut, il a la possibilité aussi de créer lui-même selon ses envies. "Ce geste créateur libère", constate Marie-Camille, soit dans ce que le patient va pouvoir en dire, soit dans le geste lui-même. "C'est, en soi, une manière d'exprimer les choses", continue la professionnelle. Si le patient est trop fatigué, Marie-Camille fait "les petites mains" pour exposer sur la toile les souhaits du patient, "mais c'est lui qui reste le pilote", précise-t-elle.
Une fois l'oeuvre réalisée, beaucoup de patients souhaitent la transmettre à leur famille ou parfois à un soignant. "Il y a une volonté de laisser une trace", en déduit Marie-Camille. Mais même si cet instant reste fugace, la professionnelle en est convaincue : "au contact de l'art, ils se sentent vivants".
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