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« L'auto-stop, c'est là où j'ai rencontré Dieu », Andéol Dudouit

Un article rédigé par Anaïs Sorce - RCF Lyon, le 17 juin 2024 - Modifié le 18 juin 2024
Vitamine C autour de Lyon« L'auto-stop est mon lieu de désert », Andéol Dudouit, rencontrer Dieu sur la route

Andéol Dudouit est un adepte de l'auto-stop. Il a sorti « Mystique de l'auto-stop » aux éditions Première Partie, le 12 juin 2024. La soirée de lancement est prévue le mardi 18 juin au café culturel Le Simone.

Andéol Dudouit raconte ses anecdotes d'auto-stoppeur dans « Mystique de l'auto-stop »Andéol Dudouit raconte ses anecdotes d'auto-stoppeur dans « Mystique de l'auto-stop »

Actuellement enseignant au collège, Andéol Dudouit a déjà été chargé de médiation, collaborateur d'élus, chargé de projet ou encore chargé de production. Rien d'étonnant, donc, à ce qu'il arbore aujourd'hui une nouvelle casquette : celle d'auteur. L'histoire qu'il raconte dans « Mystique de l'auto-stop » est autant la sienne que celle des conducteurs qui l'ont pris en stop, pendant quelques minutes ou sur des kilomètres. Car le jeune homme est un baroudeur de la trempe de ceux qui, pouce en l'air, attendent vaillamment qu'un conducteur s'arrête pour les conduire à destination.

Un mode de transport qu'il a sciemment choisi : « Ce qui me plaît, c'est d'être dehors, souvent, parce que l'auto-stoppeur passe quand même pas mal de temps dehors à attendre les voitures. On imagine l'auto-stoppeur comme quelqu'un qui lève le pouce et qui attend et c'est vrai. L'auto-stop est la façon la plus paresseuse que j'ai trouvée d'être dehors et d'être sur le bord de la route : pas besoin de pédaler, pas besoin de marcher, il suffit d'attendre. J'aime rencontrer des gens, j'aime voir des paysages, j'aime voyager, aussi. Ce qui s'est passé pour moi, c'est que c'est aussi là que j'ai croisé ou rencontré Dieu » raconte-t-il.

« Je me convertis un peu, chaque jour, sur la route »

Né dans une famille catholique qu'il qualifie de « classique, à base de scoutisme et de camps de prière l'été », il découvre le stop à sa majorité et y trouve son « lieu de désert, c'est-à-dire le lieu où c'était plus facile pour moi de trouver Dieu et de me laisser trouver par Lui ». Avec sincérité, il reconnaît une part de conversion dans chacun de ses voyages car « dès que je quitte le confort de ma vie pour aller sur le bord de la route, je me tourne, mon corps se met en mouvement et j'essaye de suivre Dieu, parfois de courir après Lui ou de Le trouver dans la voiture des autres. Je me convertis un peu, chaque jour, sur la route ».

Doucement, sans s'en rendre compte, Andéol Dudouit se met à prier en attendant qu'un véhicule s'arrête. « J'avais quelques bases de prière, quelques habitudes assez ancrées dans ma foi et donc, tout simplement, premier truc qu'on fait quand on est tout seul et qu'on est un peu croyant, c'est qu'on peut prier ». Ses prières sont variées : naturellement, il demande d'avoir des conducteurs qui s'arrêtent pour le prendre mais aussi des rencontres intéressantes et des conditions météo favorables. « Je prie pour passer le temps, en fait, sincèrement. Pour converser avec quelqu'un. Il se trouve avec Jésus-Christ ». Mais le jeune homme n'oublie pas de rendre grâce « pour le bonheur de faire du stop ».

Avec le stop, « on rentre dans la vie de quelqu'un »

Andéol Dudouit fait partie des auto-stoppeurs qui préfèrent le pouce aux pancartes, pour la relation humaine que la posture engendre : « dans les faits, les gens s'arrêtent presque toujours, ils comprennent. Avec un panneau, les conducteurs se disent que notre destination n'est pas la même que la leur alors que là, les gens sont curieux, ils s'arrêtent, on discute puis si on est d'accord sur la direction, en avant ».

Celui qui a voyagé dans une bonne partie de l'Europe sauf en Italie, réputée « difficile », distingue deux parties dans le voyage : l'attente, « souvent solitaire », qui aide à développer la patience, l'abandon, la confiance en Dieu mais aussi « la contemplation, le fait d'être face à la Création », puis le trajet en voiture. Dans cette étape, le « rapport à la docilité » a toujours marqué le voyageur : « on rentre dans la voiture, dans la vie de quelqu'un. Ce quelqu'un là n'avait pas du tout prévu de s'arrêter et d'accueillir quelqu'un à son bord. Donc on doit écouter la vie, on doit parfois poser des questions, parfois se taire, être assez sensible à la vie de l'autre et cette docilité est très belle, très chrétienne. On vit l'action de grâce ». Comme il part souvent du pont Kitchener à Lyon, il aime à rappeler que « sans les autres, l'auto-stoppeur reste bloqué sur le pont donc comment ne pas être dans l'action de grâce vis-à-vis de ces multiples conducteurs généreux ? »

« Les gens imaginent qu'on convertit à tour de bras mais c'est rare »

Si le stop a ses adeptes, l'incertitude qui le nourrit peut aussi rebuter. Impossible de savoir au préalable l'état d'entretien du véhicule, la qualité de conduite du conducteur ou même, simplement, la confiance à lui accorder. Mais Andéol Dudouit, en grand optimisme, part chaque fois confiant. Même les péripéties qu'il a pu rencontrées sont présentées avec philosophie dans « Mystique de l'auto-stop », à l'instar de ce conducteur « qui conduisait avec dans une main une canette de bière et dans l'autre un "bédo" : quand les deux mains sont prises, il ne reste plus grand-chose pour conduire ». Loin d'être apeuré, Andéol se dit que « si lui sait conduire comme ça, pourquoi pas ! » Mais quand le conducteur qui l'embarque se révèle « un peu spécial, avec une voix bizarre, une voiture un peu bizarre, qui devait être interdit de territoire quelque part », il écourte « un peu » le trajet, prétextant retrouver des amis plus tôt que prévu. Et quand les conducteurs n'ont rien à dire ? « Ça se passe quand même bien parce qu'on part d'abord en stop pour avancer, je demande que ça : avancer. Et quand c'est mieux, c'est cool, et quand c'est avancer, c'est déjà bien. »

La proximité avec la route, thème particulièrement biblique alors que Jésus enseignait sur la route et se présente comme Le Chemin, aide Andéol Dudouit à se rapprocher de Dieu et à faire « l'expérience de pauvreté en n'ayant pas grand-chose et en comptant uniquement sur les autres » mais aussi de la joie « parce que c'est exceptionnel de voir des voitures s'arrêter et de nous permettre d'aller à 3 000 ou 4 000 km de notre point de départ ». Reconnaissait, il admet que « quand on parle de ce qu'on aime, il m'arrive de parler de Dieu quand même parce qu'il se trouve qu'on s'entend bien » même s'il n'a jamais considéré le stop comme un support d'évangélisation. Au contraire, il lui arrive même d'être évangélisé par un conducteur qui lui présente le parcours Alpha. « Les gens imaginent que quand on est chrétiens et qu'on fait du stop, on convertit à tour de bras mais en fait, c'est rare. Le témoignage le plus marquant que j'ai, c'est moi qui ai beaucoup reçu ».

Vitamine C autour de LyonLa paroisse de Sainte-Foy-lès-Lyon lance son parcours Alpha

Andéol Dudouit dédicace le livre « Mystique de l'auto-stop » aux éditions Première Partie mardi 18 juin à 20h au café culturel Le Simone, à Lyon.

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