Pourquoi trouve-t-on des pulls en cachemire à 50 euros, quand d'autres enseignes en vendent à 200 euros, voire plus ? C'est pour répondre à cette question que Victor Chevrillon a mené l'enquête. Dans "Les routes du cachemire - Enquête sur une filière cousue d'or" (éd. François Bourin), il explique les enjeux géopolitiques liés à la surconsommation de la laine cachemire. Et aussi ses conséquences désastreuses sur l'environnement et la santé animale. Il nous aide à prendre conscience de l'impact de la fast fashion.
Quand on lit son livre, on se demande s'il faut encore acheter des pulls en cachemire, cette laine pourtant si douce et confortable ! â"Il ne faut pas renoncer à acheter des pulls en cachemire, prévient Victor Chevrillon, parce qu'il y a des écosystèmes, des peuples, des gens qui en vivent vraiment, qui ont besoin de ça." Il s'agirait plutôt d'être des consommateurs éclairés. "Il n'y a pas de recette magique, un pull à 50 euros ne sera pas écologique, éthique, de bonne qualité. Il faut, en fait, mieux acheter son cachemire."
Si l'Écosse et l'Italie sont "deux grands pays du cachemire", et ont développé une véritable expertise, la matière première est bien entre la Chine - plus exactement la Mongolie-Intérieure - et la Mongolie. Autrefois, la laine de la chèvre cachemire, produite sur les contreforts de l'Himalaya, transitait par la province du Cachemire, d'où son nom. En 30 ans les nomades mongols sont devenus presque totalement dépendants de ce marché. "Les chèvres représentent l'essentiel des troupeaux."
Or justement, "il y a trop de chèvres". Et si la région est en proie à la désertification, et que des tempêtes de sable s'abattent sur Pékin, c'est lié à la surconsommation du cachemire. Les bêtes mangent les plantes et les racines. Et "plus rien n'arrête le désert..."
Autre problème lié à la surconsommation du cachemire, c'est bien sûr la santé des animaux. "Comme les chèvres n'ont plus rien à manger, quand un hiver arrive, elles meurent en masse." Les Mongols appellent dzud les hivers particulièrement rigoureux où le bétail meurt de faim et de froid. "En 2009, il y a eu un dzud noir où huit millions de chèvres sont mortes, c'est un déchirement pour les éleveurs, parce qu'ils vivent avec leurs chèvres comme leur famille."
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