
LE FILM DE LA SEMAINE - Cette semaine, Valérie de Marnhac revient sur Le garçon de Zabou Breitman et Florent Vassault. Mélange entre comédie dramatique et documentaire qui raconte l'histoire d'un jeune garçon. Un jeu de piste plein de suspense et qui aborde des questions profondes.
À la frontière entre une comédie dramatique et un documentaire, Le Garçon de Zabou Breitman et Florent Vassault est un peu un ovni cinématographique. Un projet un peu fou à partir d’une boite de photos de famille dénichée dans une brocante. L’envie d’écrire à quatre mains un film qui soit à la fois une enquête pour retrouver la trace des personnages sur les photos — c’est l’aspect documentaire du film, mené par Florent Vassault — et en parallèle une fiction imaginée par Zabou Breitman qui leur invente une vie, un passé, un caractère, inspirés des quelques clichés.
Au fil des mois, ils vont croiser leur travail, essayer de reconstituer ensemble ce puzzle familial, et nourrir la fiction grâce aux premières découvertes de Florent. Le résultat est extraordinaire, à la fois émouvant, vertigineux et existentiel.
Le sous-titre, c’est "Chaque vie est une aventure qui mérite d’être racontée". Et on pourrait rajouter "qui mérite d’être vécue".
Au début, parmi tous les membres de cette famille dont ils ne savent rien, ils en identifient un sur une photo : un jeune garçon blond, de 6 ou 7 ans, à l’air un peu frêle et doux. Il sourit au photographe. Et sur les autres clichés, on le voit grandir, devenir un adolescent puis un jeune homme.
Le plus troublant, c’est que ces photos ressemblent à celles de n’importe quelle famille : des photos en noir et blanc au bord dentelé, puis celles des années 70 aux papiers peints à fleurs orangées, les photos des premières communions ou des vacances au bord de la mer… Ils nous apparaissent alors étrangement de plus en plus familiers.
Il faut des acteurs confirmés comme Isabelle Nanty ou François Berléand pour être crédibles dans ce dispositif si particulier. Ils interprètent les parents du garçon et reprennent des phrases, prononcées par des témoins réels interviewés dans le film. Et ils les intègrent à des dialogues de vie quotidienne. C’est génial !
Le film est un vrai jeu de piste qui joue sur le suspense au début. Dans la deuxième partie, ce que découvre Florent pose d’autres questions, plus profondes, sur ce qui fait la valeur d’une vie, sur les traces qu’on laisse autour de nous, sur la fragilité des liens humains, familiaux ou amicaux.
Ma seule réserve concerne la fin du film. Zabou Breitman, en voix off, évacue de manière un peu radicale, la possibilité d’une vie après la mort, alors que des petits signes ont été posés avant, par certains proches. Mais comme elle le déclare, le merveilleux dans ce film, c’est d’accepter de se laisser faire et qu’une part de l’histoire nous échappe.
Le mercredi c'est le jour où sortent les nouveaux films au cinéma. C'est aussi le jour pour écouter, à 8h45, La Chronique cinéma de Valérie de Marnhac !
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !