Ils sont nombreux, les génies juifs de langue allemande à avoir porter à son zénith la pensée, l'art, l'économie, la musique, le cinéma... en dépit des coups de boutoir nationalistes. Pour le politologue Shlomo Avineri on assiste même à "un âge d'or juif" entre la fin du XIXè et le début du XXè siècle. Il n'est pas indifférent que Sigmund Freud soit le contemporain de ces mouvements de tous ordres, alors que çà et là on perçoit les prémices de la sauvagerie nazie - lui qui apporte, avec sa psychanalyse, un nouveau matériau d'analyse sur le malaise dans la civilisation. Emile Malet dans "Freud, et l’homme juif" (éd. Campagne Première) étudie le rapport de Freud au judaïsme: "Il y a quelque chose de psychanalytique dans ce lien invisible."
"L'identité juive est plurielle, elle est constituée de sons, de musiques, de cultures, de coutumes, d'une histoire et d'une mythologie, ce qui est vrai de l'ensemble des identités", souligne Emile Malet. Chez Freud il y a toutefois une identité intime, un "essentiel" dont il avait la claire conscience qu'elle le constituait. Son judaïsme n'a en tout cas jamais empêché Freud d'explorer l'inconscient et la psyché.
Contrairement à Karl Marx, autre penseur juif et contemporain de Freud, le père de la psychanalyse n'a jamais eu honte de son judaïsme. Sigmund Freud (1856-1939) est né dans une famille bourgeoise de juifs libéraux. Né juif, "il est resté juif", précise Emile Malet, c'est-à-dire qu'il a fait sa bar mitzvah, appris les rudiments d'hébreu et de yiddish. Au quotidien, Freud a même trouvé dans ses racines "un bonheur de vivre". Une joie de faire partie d'une histoire, dont il a montré que c'était une belle histoire: celle d'un peuple choisi par Dieu et non le contraire, d'où les juifs tirent d'ailleurs une force. Sans être croyant ou pratiquant, comme on dirait aujourd'hui, il y a chez Freud l'idée que "il n'avait pas besoin d'un parcours religieux pour être juif et le demeurer".
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