Vers 1876, Émille Guimet entame, avec le peintre et illustrateur Félix Régamey, un voyage qui le mènera au Japon, en Chine, en Asie du Sud-Est et en Inde. Voyage que retrace l'exposition du musée national des Arts asiatiques - Guimet : "Enquêtes vagabondes - Le voyage illustré d’Émile Guimet en Asie" (jusqu'au 12 mars 2018).
Si le musée consacre une exposition entière à ce voyage qui n'a duré que 10 mois, c'est qu'il est précisément à l'origine de ce musée. Les très nombreux objets rapportés par Émile Guimet constituent aujourd'hui son fonds historique.
Mais ce voyage est aussi une expérience fondatrice dans la vie du collectionneur, comme dans celle de l'artiste. Ce sont "10 mois qui éclaireront tout le reste de leur vie", explique Pierre Baptiste. En 1876, la France a déjà cédé à la passion du japonisme et Félix Régamey (1844-1907) est lui-même fasciné par les estampes japonaises. "Le choc" pour lui quand il verra "ce pays tant rêvé", c'est qu'il est "plus beau que tout ce qu'il avait imaginé". Pour l'un comme pour l'autre, le Japon, plus que les autres pays, sera "un émerveillement absolu".
L'objectif du voyage, pour Émile Guimet est d'étudier les religions. Lui qui a déjà entamé une collection d'œuvres d'art de l'Égypte antique, ou d'antiquités grecques et romaines, est passionné par l'étude des religions, et de l'art qui s'y rapporte. Lui même n'est pas né dans une famille particulièrement religieuse, si les Guimet appartiennent à la bourgeoisie lyonnaise, ce ne sont pas des catholiques fervents. Le jeune Émile est surtout séduit par l'idée saint-simonienne d'une religion universelle.
Émile Guimet (1838-1918) est en réalité un homme atypique, dont la fortune familiale a permis d'assouvir sa passion - son père est l'inventeur du colorant artificiel bleu outremer. Il a reçu de sa mère Rosalie Bidauld une éducation artistique et surtout musicale, qui le marque beaucoup. Et ce goût très marquant et très tôt prononcé pour les religions, et surtout l'art religieux. Ses voyages en Espagne, et surtout en 1865 en Égypte, furent "un choc".
C'est au Japon que les deux amis sont restés le plus longuemment, et c'est là où ils ont reçu le meilleur accueil. Dans un pays qui vient tout juste de s'ouvrir au monde, le gouvernement est puissant et favorable aux Occidentaux. Émile Guimet, venu avec des lettres officielles le recommandant aux autorités locales, s'attire la sympathie des supérieurs de monastères.
Le collectionneur n'a eu aucun mal à acquérir de nombreux objets car "les Japonais étaient très heureux de montrer la beauté de leurs arts décoratifs ou même de la statuaire religieuse d'ailleurs".
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