Des recettes pour cuisiner, c'est l'une des rubriques les plus anciennes et les plus appréciées des lecteurs du journal Le pèlerin. Mais comment cela a-t-il évolué ? On passe à table avec Marie -Yvonne Buss, rédactrice en chef du magazine à l'occasion de ses 150 ans.
Cette semaine, votre rubrique d’archives nous met en appétit puisqu’il s’agit de la rubrique « cuisine ». Et depuis les années 50, les évolutions n’ont pas manqué…
En effet, on ne cuisine plus du tout de la même façon aujourd’hui ! Et surtout, les modes de vie sont différents. Au début des années 50, Le Pèlerin s’adresse principalement à un lectorat féminin, encore peu équipé en électro-ménager. Des lectrices qui aiment découvrir de nouveaux tours de main, mais soucieuses aussi de réussir ce morceau de bravoure qu’est le déjeuner dominical.
Le fameux déjeuner dominical . Et vous pouvez nous donner un exemple :
Nous avons reproduit une recette publiée en mars 1958, intitulée « Colins à la duchesse en gelée. » Elle est typique de cette cuisine bourgeoise héritée du 19ème siècle, censée démontrer le savoir-faire de la maîtresse de maison ! La photo nous montre deux filets de colin avec leur tête, soigneusement disposés sur un lit de salade et décorés de tomates formant des pétales de fleurs ; enfin, la tête de nos pauvres colins est ornée d’une sorte de collerette en mayonnaise. Parfaitement kitsch ! Mais sûrement délicieux.
Mais ce qui m’a frappé en lisant les différentes recettes, c’est leur temps de réalisation :
Eh oui, nous avons oublié ce que signifiait cuisiner sans batteur électrique, comme par la préparation d’une « crème suprême au kirsch » proposée pour accompagner le gâteau du réveillon de Noël.
Imaginez : plus d’une demi-heure pour battre la crème ! Il fallait être très motivé. D’autant que la rédaction précise également : « Vous ferez cette crème avant la messe de minuit et la laisserez dans la terrine pour la fouetter encore au moment de servir ». Nous sommes en 1956 et à cette époque, la messe de minuit est évidemment incontournable…
Quand on pense qu’il ne s’agit là que du dessert, je n’ose pas imaginer le temps qu’il fallait pour préparer l’intégralité du menu du réveillon :
On s’y mettait sûrement le matin-même, voire la veille. Mais l’arrivée des accessoires électriques va bouleverser la donne. A partir des années 60, nos pages s’en feront l’écho avec des comptes-rendus des trouvailles dénichées dans les différents salons de l’électroménager. Et en hébergeant de plus en plus d’annonces publicitaires qui, comme le disait une marque restée célèbre, vantaient tous ces accessoires qui « libèrent la femme ! ».
Des accessoires qui libèrent la femme, mais également l’homme aujourd’hui !
Nos pages cuisine, toujours présentes aujourd’hui, s’adressent évidemment à un public mixte. Il faut dire que dès le milieu des années 50, la télévision a largement contribué à populariser l’art culinaire. Je pense en particulier au programme Art et magie de la cuisine du chef Raymond Oliver et de Catherine Langeais. Cette émission pionnière a été diffusée de 1954 à 1967 et rappellent de bons souvenirs à certains auditeurs !
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