Au début des années 60, Il a constitué un tournant dans l'histoire de l'Eglise. Mais comment Le pèlerin a t-il suivi l'événement ? Plongée dans les archives du magazine à l'occasion de son 150ème anniversaire avec Marie Yvonne Buss.
Cette année, il fête ses 150 ans, soit un siècle et demi d’existence. Lui, c’est le magazine Pèlerin, lancé le 12 juillet 1873. Un anniversaire qui est l’occasion de remonter le temps.
Cette semaine, sa rubrique d’archives s’intéresse à un événement qui a marqué l’histoire du catholicisme: le concile Vatican II. Le pèlerin a suivi de très près non seulement les trois années du Concile, d’octobre 1962 à décembre 1965, mais aussi sa phase préparatoire. D’ailleurs, le magazine avait pressenti l’importance prophétique de l'événement. Son rédacteur en chef, le père Roger Guichardan, écrivait ceci en février 1959 :
- Le nouveau pape surprend tout le monde. Un style neuf s'instaure au Vatican. Le monde admire l’allant de Jean XXIII, décidé à convoquer un concile œcuménique. Ce sera le grand événement du siècle.
Quelles étaient les attentes des lecteurs à cette époque : Rappelons qu’en 1962, à l’ouverture du Concile, nous sommes moins de vingt ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Dans les pays développés, l’Église perd peu à peu son influence sociale. Sur le plan mondial, le système colonial s’effondre, la planète se fracture entre nord et sud. A l’Est, le communisme athée triomphe. Sur le plan liturgique, le latin apparaît de plus en plus comme une langue hermétique.
C’est pourquoi la mise à jour voulue par Jean XXIII et poursuivie par Paul VI gonfle les catholiques d’espérance. Chacun appelle de ses vœux une Église moins raide, plus proche. A noter cet extrait d’un article publié en octobre 1962 :
Comment, à ce monde-là, où un homme sur quatre est chinois, deux sur trois ont faim, un sur trois est communiste, comment apporter le message de Jésus ?
Et trois ans plus tard, quel bilan fait Le pèlerin, nouvel extrait :
Le Concile est achevé. [...] Ce monde change sous nos yeux à une très grande vitesse. Il a besoin que l'Église le rejoigne. On a vu des Pères ne pas hésiter, derrière Paul VI, à reconnaître des fautes historiques. Le Saint-Esprit se met à l'œuvre. L'unité se refait sous nos yeux. [...] Les grandes questions d'aujourd'hui entendent une réponse∘: mariage, guerre, liberté de pensée. Fraternité des hommes, travail, loisirs, tiers monde... [...] En avant∘! Commençons à mettre tout le concile dans notre vie.
Les lecteurs du pèlerin ont suivi cet appel avec enthousiasme et comme Le magazine était à l’époque le premier hebdomadaire chrétien - ce qu’il est toujours - son poids a été considérable. D’où cette boutade lancée par un rédacteur en chef : Le Pèlerin a fait rentrer dans les campagnes françaises la machine à laver et Vatican II.
Dans les années 60 et 70, les publicités pour les produits électro-ménagers en pleine ascension étaient très présentes dans ses pages : Mais l’histoire de Vatican II ne s’est pas terminée en 1965. Dans sa rubrique, le pèlerin explique comment les enjeux d’hier résonnent encore aujourd’hui. Christophe Chaland souligne qu’à l'époque de Vatican II, la synodalité, c’est-à-dire le partage des responsabilités dans le collège des évêques, avait été promue. Cela avait été vu comme un très grand progrès. Mais aujourd’hui l’Eglise découvre suite de la crise sur les abus sexuels, que sa gouvernance est restée trop cléricale, favorisant l’entre-soi et les abus. Un meilleur partage des responsabilités avec les laïcs devient prioritaire. C’est le thème de l'enquête du journal cette semaine, cet enjeu étant au cœur des travaux de l’Assemblée plénière des évêques à Lourdes. Une assemblée clôturée vendredi dernier avec un débat très actuel.
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