Mais où est donc passé le pape. Il a disparu ! Dans un petit livre plein d’humour, Michel Cool, journaliste bien connu, qui a travaillé des années sur la vie de l’Eglise, qui a hanté les couloirs et galeries du Vatican, s’amuse avec cette histoire rocambolesque : le bon pape Jean-Baptiste s’est fait la malle…
Sachez qu’il n’est pas le premier pape à disparaître, c’est un scénario déjà imaginé par Gérard Bessière dans son livre Le pape a disparu, c’était en 1972 aux éditions Desclée de Brouwer et le pape s’appelait Hyacinthe. Ce n’est pas tout : en 2011, c’est le cardinal Melville (Michel Piccoli) qui est élu pape et disparaît, dans le film de Nani Moretti, Habemus papam. Et l’on sait que le pape François - le vrai - n’est pas contre quelques sorties discrètes dans les rues de Rome… Et voilà qu’en 2023, le pape Jean-Baptiste fugue à son tour ! Il faut se rendre à l’évidence : le pape a disparu. Il fallait la verve de Michel Cool et sa connaissance de la papauté pour reprendre à sa manière le même point de départ et signer un roman vif, jubilatoire.
C’est de sa propre initiative que le pape de Michel Cool a pris la poudre d’escampette. Il avait déjà déserté les appartements du Vatican pour loger au Latran. Et comme les fugueurs précédents, il fuit la place Saint-Pierre et la Curie trop pesante pour retrouver un rythme plus évangélique, et une vie plus simple. On s’affole dans les rangs des cardinaux, ses ennemis veulent profiter de cette vacance du pouvoir pontifical, à croire que le pire peut arriver. « La popularité de Jean-Baptiste n’était plus à démontrer. Mais son éclipse inopinée a créé une émotion mondiale », et laisse libre cours aux pires élucubrations. « Cette disparition autogérée du pape est assimilable à une désertion de poste », insinuent certains cardinaux. Heureusement, le pape en cavale a quelques amis sûrs, une jeune journaliste française, un vieil ami moine… Et ceux qui connaissent quelques personnalités du Vatican ou de la presse pourront s’amuser à retrouver des figures cachées…
« Le pape Jean-Baptiste nous semble suggérer qu’il connaît une épreuve imprévue nécessitant son éloignement passager de la scène publique », finit par annoncer le service de presse du Vatican. Une grosse fatigue pouvons-nous dire… Les moines parlent d’acédie, d’autres dénonceraient un burn out. Après tout, même le pape peut connaître un passage à vide, et rien de tel que de faire un pas de côté. Je ne vous dirai pas pourquoi ni comment, mais le voici embarqué dans le nord de la France, en Picardie, trouvant auprès d’un ami moine la force de reprendre pied. Sans dévoiler l’intrigue, la leçon vient des plus faibles : « la fragilité, c’est le mystère de la présence de Dieu dans ce qui est humble, vulnérable et petit. » Mené tambour battant, la fugue du pape est une occasion souriante de réfléchir à la lourde charge de chef de l’Église. Pétri d’esprit bergoglien, le roman n’est pas sans portée spirituelle. Une belle échappée.
L’échappée belle du pape, de Michel Cool, est publié aux éditions Quasar.
Chaque jeudi à 8h44, Christophe Henning (La Croix) et Christophe Mory (RCF et Radio Notre-Dame) présentent le livre de la semaine.
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