Nous fêtons cette année les 75 ans du Petit Prince. Et loin de prendre sa retraite, il fait toujours recette et, pour l’occasion, non pas un mais trois livres tous droits sortis des éditions Gallimard. Le premier, c’est évidemment Le Petit Prince, version grand album illustré, pour ceux qui auraient perdu leur exemplaire, ou voudraient l’offrir. L’autre livre Lettres à l'inconnue présente des correspondances de Saint-Exupéry. Le troisième A la rencontre du petit prince est un très bel album, le catalogue de l’exposition qui se tient à Paris, jusqu’au 26 juin, au musée des arts décoratifs.
On a tous en nous quelque chose du Petit Prince. Et faut-il encore parler de ce conte que tout le monde connait, qui est, après la Bible tout de même, le livre le plus lu au monde ? Pensez donc : deux cents millions d’exemplaires, traduit en cinq cents langues, cinq millions écoulés chaque année… Et nous fêtons cette année les 75 ans du Petit Prince : loin de prendre sa retraite, il fait toujours recette et, pour l’occasion, je voudrais évoquer non pas un mais trois livres tous droits sortis des éditions Gallimard.
Le premier, c’est évidemment "Le Petit Prince", version grand album illustré, pour ceux qui auraient perdu leur exemplaire, ou voudraient l’offrir. L’autre livre, "Lettres à l'inconnue", présente des correspondances de Saint-Exupéry. Le troisième "À la rencontre du Petit Prince", est un très bel album, le catalogue de l’exposition qui se tient à Paris, jusqu’au 26 juin, au musée des arts décoratifs. Et comment nous n’aurons pas tous l’occasion de nous y rendre, l’exposition vient à nous et nous invite selon le titre "à la rencontre du petit prince"...
"À la rencontre du Petit Prince" est une véritable malle aux trésors : s’y trouve racontée la genèse du Petit Prince, comment Antoine de Saint-Exupéry a écrit ce conte aux apparences anodines et qui recèle pourtant un concentré de sagesse qui nous a tous touchés. "Je n’ai jamais écrit d’histoire plus vraie", a confié Saint-Ex. Des textes, donc, le fac-similé de courriers mais aussi une multitude de reproductions de croquis préparatoires, dont beaucoup inédits. On y trouve encore l’histoire du "chasseur de papillon" qui finalement ne restera pas dans la version finale.
C’est surtout l’intimité de l’écrivain aviateur qui est ici dévoilée, à partir des courriers et des notes. Déjà reconnu avec ces précédents livres "Vol de nuit", "Courrier Sud", "Terre des hommes", Saint-Exupéry n’en reste pas moins englué dans la mélancolie, chagriné à la moindre alerte quand sa femme Consuelo ou ses amis ne lui font pas signe. De 1941 et 1943, il est à New York et écrit "Le Petit Prince", juste avant de rejoindre l’Afrique du Nord et voler à nouveau pour se battre. On le sait, il meurt dans des conditions longtemps mystérieuses, le 31 juillet 1944, en Méditerranée. Toute son histoire est là, dans quelques dessins griffonnés, dans des ébauches d’aquarelle. Et plus l’écriture avance, plus Saint-Exupéry est le Petit Prince, ou inversement… On ne finit par ne plus savoir, des deux, celui qui se raconte.
Cette intimité du grand écrivain, on la retrouve encore à travers quelques correspondances choisies, notamment avec les "Lettre à l’inconnue", c’est le titre du recueil, des courriers envoyés à une jeune femme de 23 ans, rencontrée dans le train d’Oran à Alger en 1943 ou 1944 : "J'écris à une amie qui m’a tout à fait oublié, écrit-il, je découvre avec mélancolie que mon égoïsme n’est pas si grand puisque j’ai donné à autrui le pouvoir de me faire de la peine…"
D’autres lettres sont encore rassemblées, que Saint-Exupéry adresse notamment à sa mère, à sa famille, lettres agrémentées de petits croquis qui font dire à Alban Cerisier, fin connaisseur de l’œuvre, que "l’œuvre poétique et graphique a mûri secrètement pendant deux décennies dans cette pratique artistique récréative, aussi soignée qu’amusée". Il a fallu du temps en effet : n’écrivait-il pas à sa mère, en 1921 : "Je ne crois pas en moi, toujours cette angoisse de ne savoir vers quoi me tourner." C’est toute son existence qui a nourri l’histoire du Petit Prince. En 1928, il écrit encore à sa sœur : "J’ai un renard fennec ou renard solitaire. C’est plus petit qu’un chat et pourvu d’immenses oreilles. C’est adorable." Et il fait un dessin. Allez, Saint-Exupéry, s’il te plaît, dessine-nous encore le Petit Prince…
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