Une exposition entière consacrée à l'apocalypse se tient à la Bibliothèque nationale de France sur "l'Apocalypse d'hier et de demain" à Tolbiac dans le 13ème arrondissement de Paris à voir jusqu'au 8 juin. A travers cette exposition, le mot apocalypse prend un nouveau sens.
La BNF accueille une nouvelle exposition consacrée à l'apocalypse. Cette institution était certainement la mieux placée pour présenter des oeuvres évoquant ce dernier texte du Nouveau Testament particulièrement habité par les symboles et les images. Ces propres collections sont très riches en volumes enluminés, en manuscrits, mais aussi en gravures. Cependant, la BNF ne se repose pas uniquement sur ces ressources pour bâtir cette exposition, elle a obtenu de magnifiques prêts d'autres institutions : des tapisseries, des sculptures, des peintures, notamment contemporaines. Tout cela met en lumière combien ce texte de la fin du premier siècle est une extraordinaire source d'inspiration pour les artistes depuis bientôt deux millénaires.
Le mot est souvent utilisé pour désigner la catastrophe, mais le sens étymologique est différent, puisqu'il signifie révélation ou dévoilement. Le texte évangélique dévoile ce qui adviendra à la fin des temps. Il décrit la fin d'un monde et l'avènement du royaume de Dieu, symbolisé par la Jérusalem céleste, ce que résume admirablement le panneau introductif de l'exposition en affirmant :
"L'apocalypse demeure depuis deux mille ans l'un des plus grands récits symboliques de l'épreuve et de l'espérance."
Il suffit de parcourir le texte de l'apocalypse pour mesurer son potentiel visuel. Prenons par exemple, ce fragment de la "Tapisserie de l'Apocalypse d'Angers", qui date du XIVème siècle. La quatrième coupe de la colère de Dieu a été déversée sur le soleil, qui nous transforme en une nébuleuse brûlant les hommes par son feu. Le texte apocalyptique est sans cesse habité par des nombres : les 7 sceaux, les 24 vieillards, les 2 bêtes, les 4 cavaliers. Autant d'images qui peuplent les enluminures comme celle du sublime "Beatus de Saint Sever", manuscrit réalisé au XIème siècle dans une abbaye Gascogne. On peut y voir en particulier une fascinante représentation de la Jérusalem céleste. Magnifique composition géométrique aux couleurs très vives.
Cela concerne à la fois la forme, mais aussi le fond. La réduction de l'apocalypse à sa dimension catastrophique ou inquiétante se manifeste à partir du XVIIIème siècle. Certains artistes restent très proches du texte évangélique, comme au XIXème siècle, avec le poète et peintre britannique, William Blake ou au XXème siècle le français Odilon Redon. Mais d'autres prennent davantage de distance en s'appuyant sur des images apocalyptiques pour dénoncer l'horreur des guerres, comme Francisco de Goya ou le douanier Rousseau. Les tableaux évoquant la Shoah de Soranmouschiche et de l'artiste tsigane Ceija Stojka, nous confrontent à "la douleur d'une apocalypse sans royaume" pour reprendre les mots du philosophe Günther Anders. Cependant, les organisateurs de l'exposition ont eu aussi le souci de présenter des oeuvres évoquant le jour d'après, ce qui adviendra au-delà de la catastrophe.
Les réponses des artistes très contemporains peuvent laisser perplexes. Mais elles témoignent que la recherche d'un ciel nouveau et d'une terre nouvelle demeure présente dans la création d'aujourd'hui.
Chaque mardi à 8h45, Guillaume Goubert et Simon de Monicault présentent une exposition ou un événement qui raconte l'histoire de l'art.
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