Aujourd’hui, je vous emmène au musée, nous allons suivre Mona, une fillette de dix ans, qui va découvrir toute la beauté du monde grâce à la bonne idée de son grand-père Dadé. En fait, le roman de Thomas Schlesser commence mal : Mona a perdu la vue. Pendant 63 longues minutes, l’enfant s’est trouvée plongée dans le noir, et il n’y a pas pire angoisse pour la fillette mais aussi pour ses parents affolés.
Pendant 63 longues minutes, l’enfant s’est trouvée plongée dans le noir, et il n’y a pas pire angoisse pour la fillette mais aussi pour ses parents affolés. D’autant plus que les médecins n’y comprennent rien. Devant un tel choc, le grand-père Henry est réquisitionné pour accompagner Mona chez le pédopsychiatre chaque mercredi après-midi. Mais si elle perdait la vue ? N’aurait-elle pas besoin plutôt de garder le souvenir ébloui de la beauté ? Chaque mercredi, le grand-père entraîne donc Mona devant un tableau, un seul, qui sera comme une fenêtre ouverte sur le monde.
Quels sont alors les artistes qu’il faut avoir vu dans une vie ?
Botticelli, Léonard de Vinci, Michel Ange, mais aussi Rembrandt, Philippe de Champaigne, ils sont tous au Louvre, par où commence ce voyage initiatique à travers les chefs d’œuvre. Rester face à l’œuvre, ne rien dire, prendre le temps d’observer, y passer plusieurs minutes, et non pas courir comme le flot des visiteurs habituels. Suivront d’autre génies, locataires du musée d’Orsay, tels que Gustave Courbet, Cézanne, Van Gogh, Degas, Klimt… avec, pour finir le centre Pompidou et ces artistes parfois incompris, Picasso, Kandinsky, Magritte et Boltanski. N’imaginez pas un livre savant mais plutôt une découverte intime de tableaux prestigieux, parmi les plus connus mais pas seulement, et qui disent quelque chose de l’existence humaine. Comme ce tableau de l’asperge, d’Edouard Manet, qui illustre bien que « c’est que le presque-rien fait tout le charme de la vie », écrit Thomas Schlesser. Historien de l’art, il décrit chacune des 52 œuvres pour nous les montrer en quelques phrases, y ajoutant quelques anecdotes sur le peintre, les circonstances de l’œuvre… mais ce n’est pas seulement un parcours esthétique : c’est l’histoire de la fillette, confrontée à la maladie, à l’inquiétude familiale, à la rudesse de la vie scolaire. Un livre de sagesse, un peu à la manière du « monde de Sophie », du norvégien Josten Gaarder, publié en 1995 et qui a connu un succès fou en proposant un itinéraire au fil de l’histoire de la philosophie. Sauf qu’il n’y a pas qu’une vérité artistique : « Ce sont les regardeurs qui font les tableaux » a dit Marcel Duchamp.
C’est le livre d’un expert mais surtout d’un passionné…
Et qui sait transmettre sa passion. Parce que le rôle du grand-père notamment, mais aussi tous ces peintres qui ont laissé une trace dans le monde sont des passeurs, ils nous transmettent leur éblouissement, leur questionnement aussi parfois, et d’un tableau, d’une histoire personnelle, on peut toucher l’universel. D’ailleurs, les éditeurs ne s’y sont pas trompés : non seulement « Les Yeux de Mona » est déjà un succès en France, mais avant même que le livre soit paru, il n’y avait pas moins de vingt-neuf traductions qui étaient signées pour ce livre pas comme les autres. Avec une traduction déjà disponible, à laquelle l’auteur tenait particulièrement : le livre est traduit en braille.
« Les Yeux de Mona » de Thomas Schlesser, est publié chez Albin Michel.
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