Au début des années 90, Nadia Bécaud s'est lancée dans le commerce du thé. Au cours de plus de 30 voyages en Chine, elle a découvert non seulement la riche culture plurimillénaire du thé, mais aussi ce qu'elle appelle "La Voie du Thé". Comment, d'une simple plante, les Chinois en ont fait un chemin spirituel imprégné de bouddhisme, de taoïsme et de confucianisme ? Initiée à cette "voie du thé", Nadia Bécaud la transmet aujourd'hui en France dans l'Institut du Thé où Thierry Lyonnet est allé la rencontrer.
Boisson plurimillénaire consommée à travers le monde, le thé prend ses racines en Chine. Plus qu'une plante, la culture du thé a influencé de nombreuses spiritualités comme le bouddhisme, le taoïsme et le confucianisme. Les légendes autour du thé sont nombreuses. Les Chinois n'en retiennent qu'une.
Environ 2600 ans avant Jésus-Christ sévissait une grande épidémie dans le royaume. L'empereur de l'époque Chen-Nung cherchait un antidote. "On raconte qu'il a testé sur lui-même 72 plantes qui l'ont empoisonné et que chaque fois qu'il prenait la plante du thé, il était guéri, désintoxiqué" explique l'auteure du livre "La voie du thé" publié aux éditions Actes Sud. Le succès des vertus médicinales de cette "nouvelle" plante est immédiat. L'utilisation du thé comme "médicament" se prolonge pendant de nombreuses années avant d'évoluer dans sa forme et son utilisation.
On trouve des références au thé dans les écritures chinoises les plus anciennes. Après avoir été majoritairement utilisé pour ses vertus médicinales, il est ajouté dans de nombreux plats de la cuisine quotidienne chinoise. Parallèlement à cela, il est aussi offert comme offrande dans les différentes philosophies du royaume : encore aujourd'hui dans le bouddhisme, aux énergies de l'univers dans le taoïsme, à la mémoire des ancêtres dans le confucianisme.
Le thé devient une boisson populaire grâce au premier maître thé Lu-Yu, qui vécut au VIIIème siècle, lors de la dynastie des Tang, "L'âge d'or de la culture chinoise, c'est un peu comme notre renaissance" précise Nadia Bécaud. À cette époque, "Lu-Yu va s'intéresser au thé et décider d'arrêter tous les ingrédients qu'on ajoutait au thé dans la cuisine populaire" ajoute-t-elle. Plus qu'un potage, le thé devient alors une boisson et sa préparation un savoir-faire à part entière.
Alors que le thé est aujourd'hui présent dans tous les foyers, ce n'était pas le cas dans les années 90 lorsque Nadia Bécaud commence vraiment à s'y intéresser. "J'ai commencé par une toute petite boutique, animée par la flamme du thé" raconte-t-elle se souvenant de ses débuts à Lyon.
Son attirance pour le thé s'est développée dès son plus jeune âge. "C'est venu très tôt dans mes souvenirs, une première tasse de thé symbolisant le réconfort lorsque j'étais une enfant malade [...] et la curiosité de toujours découvrir ce qu'il se passait autour du thé" se souvient-elle.
Après une trentaine de voyage en Chine et autant d'années d'expériences autour du thé elle est aujourd'hui l'ambassadrice française de cette plante qui pour elle est bien plus qu'une simple boisson. "Il faut avoir un certain état d'esprit intérieur [...] si l'état d'esprit n'est pas là ce n'est plus la cérémonie, ce n'est plus le rituel. Le rituel, il nous conduit au silence intérieur pour se mettre dans les pas des anciens maîtres" décrit-elle en parlant de la cérémonie du thé.
Ce chemin spirituel, que Nadia Bécaud appelle "la voie du thé", elle continue encore aujourd'hui de le faire connaître au sein de l'Institut du thé qu'elle a fondé en 2004, une référence française dans le domaine.
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