Aujourd’hui, nous vous présentons 2 mangas publiés aux éditions Glénat : une nouveauté et une réédition d’un classique débuté il y a plus de 30 ans.
Sanctuary de Sho Fumimura et Ryoichi Ikegami chez Glénat
Chiaki Asami, le secrétaire de politicien et Akira Hojo le chef de gang… Lorsque Asami, après avoir menacé un parlementaire de scandale, se lance en politique en se déclarant candidat aux élections, Hojo, en tant que yakuza, lui montre la voie vers le sommet. Alors que les univers de la politique et des yakuzas semblaient très éloignés, un étrange enchevêtrement de fils se révèle, laissant entrevoir une bien étrange relation… Qui de l'homme politique ou du yakuza révolutionnera ce pays corrompu ?
Dans cette série haute en trahisons et en complots, Sho Fumimura, également connu pour Ken le survivant sous le pseudo de Buronson, offre un scénario en or au talent graphique d'Ikegami. La série revient aujourd'hui dans une édition Perfect grand format en six volumes de plus de 400 pages chacun. Ne manquez pas cette rencontre avec le classique du genre !
Au scénario, Sho Fumimura, l’auteur de Ken le survivant, propose ici un univers réaliste qui critique une société japonaise trop hiérarchisée, isolationniste, où les vieilles personnes tiennent le pouvoir. Il dénonce la corruption officielle au Japon, entre milieux mafieux, milieux des affaires et politiciens. Mais ses deux personnages utilisent eux-aussi la corruption et la violence pour parvenir à leur idéal et l’on peut noter de la complaisance vis à vis des mafieux, présentés sous un aspect positif : le séduisant Hojo tue froidement d'une balle dans la tête son ancien patron; Tokai, l'ancien taulard, maltraite impunément les femmes, tue, mais à sa manière, respecte une sorte de code d'honneur. Tashiro, l’homme de main de Hojo écrase, lui, le visage d'un homme contre une vitrine, où les doigts d'un banquier dans une portière... Bref, la violence est au rendez-vous et ce manga est à réserver à un public averti donc. A la plume et au pinceau Ryoichi Ikegami (dessinateur du remarqué Crying Freeman), nous gratifie de superbes dessins : un graphisme élégant et très réaliste. Dans les quelques reproches que l'on peut faire, les deux personnages principaux Hojo et Asami sont difficilement différenciables surtout au début quand on entre dans l’histoire. Et l’auteur se complaît en faisant poser ses personnages comme des mannequins de magazine. Mais l’histoire est suffisamment prenante pour avoir envie de découvrir la suite et voir à quel moment les rêves de Hojo et Asami se réaliseront ou se fracasseront…
Fool Night de Yasuda Kasumi chez Glénat
Depuis cent ans, un épais nuage empêche le soleil d’éclairer la Terre. La nuit et l'hiver se prolongèrent à jamais et la plupart des végétaux périrent. L'humanité plaça ses espoirs dans la technique de “transfloraison”, consistant à transformer un humain en plante. Bien évidemment, ces opérations sont limitées aux personnes en fin de vie, pour une raison éthique… mais lorsqu'une prime de dix millions de yens est accordée aux volontaires, certains n'hésitent pas à contourner les règles pour s'inscrire sur les listes. Toshiro est l'un d'entre eux : sans aucun avenir et fatigué de la vie, il va choisir de se transformer en plante. Mais cette opération va lui accorder des talents qu'il ne soupçonnait pas !
Avec un graphisme rappelant parfois, il est vrai Otomo (d'autres citent Urasawa), le titre a été plébiscité par des auteurs comme Sui Ishida (Tokyo Ghoul) et Shuzo Oshimi (Les Liens du sang), qui admirent ce jeune talent qui fait preuve d'un beau travail de narrateur que ce soit dans l'histoire que dans la mise en page réussie aussi efficace qu'originale. Le tome 2 poursuit avec talent le premier volume, avec ici l’histoire d’un tueur en série lié aux transflorés. Mais l’auteur ne s’arrête pas à une simple enquête et continue de mettre l’intime au coeur de son récit avec les questionnements de Toshiro, sa relation - très difficile - avec sa mère, ses liens avec son amie Yomiko et le temps qui lui reste. Fool night est un récit étrange et captivant qui parle tout à la fois d'écologie (en toile de fond) mais aussi de misère sociale servi par une mise en scène réussie, un bestiaire botanique bien élaboré et des personnages attachants. On attend la suite avec impatience.
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