Comment un écrivain reconnu vit-il sa nouvelle fonction de Ministre des Affaires culturelles ? Une interview de 1973 à revivre avec Marie Yvonne Buss dans le cadre des 150 ans du magazine Le pèlerin
Cette semaine, dans votre rubrique d’archives, vous publiez un long entretien avec Maurice Druon, daté de décembre 1973. Alors Maurice Druon, c’est l’auteur notamment des fameux Rois Maudits, adapté à la télévision la même année. Mais c’est sous sa nouvelle fonction de Ministre des affaires culturelles sous Pompidou que votre journaliste est venu l’interroger.
En effet, Il était intéressant d’aller voir comment cet académicien vivait son mandat politique au cœur des ors de la République. C’est d’ailleurs sous cet angle que notre journaliste attaque son article. Je vous la cite : « Il me reçoit dans son vaste bureau du Palais-Royal. Une lumière chaude fait chanter les bronzes et donne à l’acajou des meubles des ombres violettes. [...] » C’est le ton de l’époque ! Et d’une façon assez cérémonieuse, elle lui demande ensuite : « Ne regrettez-vous pas, monsieur le Ministre, d’avoir abandonné votre oeuvre pour assumer ces hautes fonctions ?»
Le ministre souligne que si son métier premier est effectivement d’écrire, ses nouvelles fonctions sont passionnantes. Et de citer parmi ses missions : la réforme de la Sécurité sociale des auteurs et compositeurs; la poursuite des travaux du futur centre Beaubourg ; la sauvegarde des monuments historiques … Surtout, il confie sa passion pour l’art, avec cette belle formule : « L’art est ce qui aide l’homme à se répondre à lui-même quand il se demande pourquoi il est sur terre et ce qu’il y fait».
Autant Le Pèlerin de la fin du 19ème siècle, dans sa lutte contre la République anticléricale, suivait de très près l’actualité politique, autant il s’est ensuite diversifié pour devenir un titre d’actualité généraliste. Nous avons cependant interviewé d’autres écrivains ministres, comme Alain Peyrefitte ou encore un Président de la République, Valéry Giscard d’Estaing en octobre 1978, à l’occasion de notre numéro 5000. Et à chaque campagne présidentielle, nous tendons évidemment notre micro aux candidats.
Retour aux années 70. Cette longue interview est signée d’une certaine Yvonne Chauffin. A l’époque, parmi les plumes de la rédaction, c’est à elle que revenait l’honneur des interviews de personnalités. Et c‘est d’autant plus remarquable que Le pèlerin a été très longtemps une rédaction exclusivement masculine. Au point que le rédacteur en chef, le Père Roger Guichardan prenait un pseudo féminin quand il s’agissait de rendre compte d’événements tels que le Salon des Arts ménagers. Sans doute pensait-il que son enthousiasme pour les robots de cuisine serait plus crédible sous une plume féminine ! Il signait alors « Tante Léa ».
Aujourd’hui, la situation s’est inversée : sur 39 cartes de presse, la rédaction compte 24 femmes et 15 hommes. Mais surtout, on de distingue plus de rubriques « masculines » ou « féminines ». Si l’un d’entre nous souhaite prendre un pseudo, désormais, ce sera seulement une coquetterie d’auteur.
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