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Nino Rota et Federico Fellini : des amis de 45 ans

Un article rédigé par Fabien Genest Natio - RCF,  - Modifié le 17 juillet 2023
Nous retrouvons à présent un nouveau rendez-vous qui s'installera désormais chaque semaine à cette même heure sur notre antenne. Dans La Symphonie du cinéma, Fabien Genest nous fera voyager d'époque en époque, de compositeur en compositeur, à travers l'univers des bandes originales de films. Et pour cette première balade, il nous emmène au soleil de l'Italie sur les pas de Nino Rota, compositeur attitré du grand Federico Fellini
© DR© DR


Nino Rota. Ses musiques de films ont marqué l'histoire du cinéma © DR

« Ce ne fut pas un choix. Ce fut vraiment une véritable convergence de deux tempéraments, de deux êtres qui devaient cohabiter avec l'expression d'un film, rendu plus vital, plus évocateur par la musique. » Ainsi parlait à la fin de sa carrière le grand Federico Fellini au sujet de son ami et compositeur Nino Rota.  C'est en 1952 qu'intervient leur première collaboration pour Le Cheikh blanc. La suite allait s'écrire en lettres capitales...
 


© P.D.C
 
Dans le Cheikh blanc, Alberto Sordi revêt les habits d’un cheik d’opérette, sorti d’un fumetti, ces romans-photos de gare en Italie, tandis que Giulietta Masina, épouse de Fellini,  y fait une première et courte apparition dans le rôle de la prostituée Cabiria, que l'on retrouvera, 5 ans plus tard en 1957, dans le très beau Les Nuits de Cabiria et son thème musical très mambo.


 Giuletta Masina dans Les Nuits de Cabiria © Dino De Laurentiis CinematograficaLes Films Marceau

Né à Milan dans une famille de musiciens, le 3 décembre 1911,  Giovanni Rota, dit Nino, a composé la « colonna sonora », comme disent les Italiens, d’une très grande partie des films du facétieux Federico avec un immense succès à la clef.
Le premier grand succès international du tandem Fellini-Rota intervient en 1954 avec La Strada, devenu au fil du temps un monument du 7e art.
Voilà ce qu’écrit le 8 sept. 1954, le journaliste Jean-Jacques Gautier dans les colonnes du Figaro :
« Tout ce qui est prétexte à belles images, à vastes gravures solidement burinées, tout ce qui requiert une certaine profondeur de champ, une lumière vibrante, tout ce qui s’accorde au rythme de la musique nostalgique et colorée écrite pour ce film par Nino Rota, oui, tout cela est excellent ; autrement dit la toile de fond est d’une perfection singulière. »


© Ponti-De Laurentiis Cinematografica Les Films du Centaure


Giuletta Masina et Anthony Quinn dans La Strada  © Ponti-De Laurentiis Cinematografica Les Films du Centaure

Le thème célébrissime de Gelsomina est l’un des plus connus de Nino Rota avec le morceau de trompette, joué, ici, par le Français Maurice André.
La Strada où sa destinée tragique… qui vous tire les larmes. Un sommet de néo-réalisme le plus noir. L’histoire de la candide Gelsomina (formidable Giuletta Masina), fascinée par un funambule excentrique. Le film obtiendra en 1957 l’Oscar du meilleur film en langue étrangère. Première d’une longue série de 4 statuettes remportées à Hollywood par Fellini.
S’il était un film et un seul à voir dans toute la filmographie du Romain, alors ce serait La Dolce vita.
Le 5 février 1960, sa sortie est auréolée d’un parfum de scandale pour sa description de personnages à la vie dépravée et oisive dans une Italie désenchantée.


© Riama Film Pathé
 
La Dolce vita dépeint avec acuité les nuits romaines du début de années 60 dans le microcosme artistique et intellectuel que compte alors la ville dont l’épicentre est la célèbre via Veneto, non loin de la place d’Espagne et de la Villa Borghese, et ses fameuses terrasses de cafés et restaurants.


Marcello Mastroianni et Anita Ekberg dans La Dolce Vita © Riama Film Pathé

A sa sortie, le film divise l’Italie. Basta ! » (« Assez ! ») : titre en gros le journal officiel du Vatican, L'Osservatore Romano.
Pendant plusieurs jours, des articles anonymes vont critiquer le film, rebaptisé même « La Sconcia Vita » (« La Vie répugnante »).
Au début de la décennie 60, Nino Rota composera également de grandes partitions d’autres réalisateurs. Notamment  Luchino Visconti pour Rocco et ses frères et Le Guépard.
Dans les années 1970, le Milanais est enfin réconnu en Amérique et décroche en 1974 l'Oscar pour Le Parrain II dont est extrait le thème culte de Parla piu piano, une chanson, à l’origine, chantée dès 1958, maintes fois reprise.
Le grand Nino meurt le 10 avril 1979 à Rome à l’âge de 67 ans.  
Après la mort du musicien, Federico Fellini ne sera plus tout à fait le même et meurt quatorze ans plus tard. A son enterrement, la musique de Nino Rota résonnera une dernière fois dans le studio 5 de Cinecittà, là où tous ses rêves ont pris forme.

Quelques conseils d’écoute en lien avec notre thème aujourd’hui :

The Movies of Federico Fellini, une compilation de 22 titres remasterisés, rééditée il y a 3 ans sur le label ITM Archives. Les principaux grands succès de Nino Rota y sont présents. Des variations du thème d’Armacord  à La Dolce vita, en passant par Il Bidone et 8 ½. Et puis pour prolonger le plaisir, je ne saurais que trop vous recommander de voir ou revoir les films cités dans cette émission comme par exemple La Dolce vita, dont il existe une version DVD et une version Blu Ray chez Studio Pathé. Si vous pouvez, optez pour cette dernière afin de profiter pleinement de la version N & B restaurée en haute définition et de la photographie d’Otello Martelli.

Play list des morceaux diffusés à l’antenne :

-Thème principal de 8 ½ (1963)
-Thème principal du Cheikh blanc (1952)
-Les Nuits de Cabiria main theme (1957)
-I Vitelloni main theme (1953)
-Il Viaggio continua, La Strada (1954)
-Main Theme Gelsomina, La Strada (1954)
-Les Nuits de Cabiria suite (1957)
-La Dolce vita, main  theme (1960)
-Arriverdeci Roma, Renato Rascel (1955)
-Rocco et ses frères, main theme (1960)
-Le Guépard, waltz (1963)
-The Godfather, waltz (1972)
-The Godfather, love theme (1972)
-Caminito, Marcello Mastroianni (1993)
-Thème d’Amarcord (1973)

 

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